Le quartier de La Croix s'est replongé dans son histoire, en offrant à un public fort nombreux, une tranche de vie quotidienne des marins des années 1900. Des chevaux, des sardines, des coiffes et des filets... Ambiance d'un autre siècle, hier soir, dans le quartier de la Croix. Pardon , vous avez l'heure ? 17 h 30, le 19 août 1905...
« On n'a plus le doigté. Mais on n'a pas oublié !... » . Anciens marins, chanteurs à la Bordée , Jean-Michel Tallec, Raymond Richard et Rémi Dereat ramendent déjà leurs filets. Près de là, six Douarnenistes coiffés de galettes salent, sèchent, fument au tonneau les belles sardines débarquées du Face à la mer . « Il faut six heures pour une telle opération et le poisson perd 40 % de son poids... » Membres de l'association Fumage et tradition maritime , ce sont des habitués des fêtes maritimes.
Et hier soir, le quartier de la Croix en avait les allures. Dès 17 h 30, la foule a investi un quartier encore livré à la circulation. Dommage. Car ici on amidonne, là on repasse la collerette d'une robe bretonne. « T'as vu la vitesse de leur crochet ? » Impassibles, deux vénérables brodeuses bigoudènes vous débitent de la dentelle à la vitesse du son. Plus loin, le flot des curieux ne tarit pas devant les panneaux de l'exposition « 200 ans d'action sociale à Concarneau ». Une rétrospective signée Michel Guéguen.
Au pied du calvaire, en costume de fête, une mère pose avec sa fille pour une artiste de la souscription du centenaire qui a aussi son stand. « On est une dizaine a planter notre chevalet ici ce soir », explique Etienne Guillou sous son chapeau de paille. Un massif four à patates rappelle les antiques fourneaux économiques qui venaient au secours de la population en pleine crise sardinière.
La seille au quai nul « Allez ! Nous, on va vider la seille au quai nul ! » Bras dessus-bras dessous, une penn sardin et une coiffe de l'Aven (sûrement Fine et Phrasie) fendent la marée humaine en chantonnant.
En tête d'un cortège en costumes d'époque exhumés des greniers. La promenade est noire de monde. C'est que, voile garance au vent, le Marche-Avec fait sa coquette dans la baie.
Bientôt, trois annexes se détachent du cotre sardinier. Les flancs bondés de caisses de poisson. Ce qui déclenche le claquement des sabots de quatre lourds postiers bretons. « Quand le paysan se fait marin » chante Louis Kergoulou en menant les charrettes vers la plage de débarquement.
La pêche du Marche-Avec passe des prames aux tombereaux sous une forêt de numériques. Direction l'ancienne criée pour une vente à l'estime. Bon, le spécialiste aura bien noté quelques anachronismes : la glace sur les sardines, la forme rectangulaire des caisses, les costumes...
Mais le clin d'oeil au Concarneau d'autrefois était plutôt sympathique. Malgré ces véhicules à moteur engoncés dans la foule.