Témoignage d'un passé maritime très marqué, Le Passage Lanriec est de ces vieux quartiers qui ont une âme. Ses vieilles maisons, ses ruelles étroites, ses toits de chaume qui subsistent ci et là... mais aussi sa population vieillissante, retraitée pour la plupart... sont autant de souvenirs.

Ici, comme ailleurs, les anciens ont la nostalgie de cette convivialité qui régnait autrefois. " On voudrait retourner en arrière. Le paysage d'aujourd'hui ne m'enchante guère. Nous regrettons la lande et l'esprit qui nous réunissait tous. Les Passagers et Passagères formaient une vraie famille. " Oubliés les longues heures de travail à l'usine, le bout de pain sec à 4 h, l'inconfort, les pièces trop petites..." Il y avait du travail dans ce temps-là : la pêche thonière, le conditionnement du poisson, des petits pois. Il y avait même une société qui fabriquait de la dentelle.

On comptait un commerce sur deux maisons, dit une habitante, et il y avait 24 bistrots ". L'animation était intense au sein de ce quartier de la commune de Lanriec qui ne fut rattaché à Concarneau qu'en 1956. C'était un lieu très fréquenté par les marins de Groix et d'Yeu, qui venaient là vendre le produit de leur pêche. " Le port était très important. Il n'y avait pas de plaisance. Tout était réservé à la pêche. Le Passage était complètement intégré à cette vie maritime de par sa situation : on était sur place ".

Le bac à godille
Tout au long du chemin côtier, les vaches paissaient paisiblement d'où le surnom de " Vachics ". " C'était un peu la bagarre avec les gars de la ville close. Quand l'un de nous réussissait à passer à la nage, les autres nous lançaient des cailloux. C'étaient des bagarres de gosses ".

" Les Vachics du Passage mangent les bigorneaux dans la vase ". La ritournelle, tant entendue, a fait la joie des enfants. Cette vase même qui permettait, les jours de grande marée, de passer à pied sec de l'autre côté de la rive. " J'ai vu des charrettes passer par là " dit une autre habitante.

C'était l'époque du bac à la godille, un temps pas si lointain. " Nous, les enfants, nous savions tous godiller. On allait pêcher le chinchard dans le port. C'en était plein. " La vie a changé, mais les pêcheurs sont toujours là. " Ils disent qu'ils trouvent du bar ". Il y a les joueurs de boules et la statue de Duquesne, l'Abri du marin où se retrouvent les anciens écoliers. " Mais on ne se voit plus comme avant, dit l'un d'eux. Je connais plus de monde au cimetière de Lanriec que dans mon quartier... ".

Et il est vrai que, si nombre de natifs du Passage y coulent une retraite heureuse, toute une nouvelle population s'y installe, attirée par des maisons à rénover pas chères : un quartier à revivre, qui fait partie du projet de réaménagement du centre ville. Déjà, la vieille école fait place à un petit lotissement, rue Jules Ferry. " Mais si l'on prend en compte Le Rouz et le Manoir du Bois, on peut considérer que la population du Passage a, au moins, triplé ".

Ces quartiers neufs, qui datent de 1954, ont remplacé la lande qui appartenait au colonel Hugot Derville. " Il y avait même son château, tout a été détruit au profit des constructions ".