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Le belvédère des marins

En 1937 s'ouvre le moderne hôpital-hospice de la Ville-CLose. Bientôt vont s'y côtoyer d'anciens paysans sans famille d'accueil et des marins usés par une vie trop rude commencée trop tôt. Dans le jardin jouxtant l'établissement, les vieux de Lanriec ou de Trégunc retrouveront un peu de cette nature brusquement quittée pour la ville. Mais que faire pour les hommes du large presque impotents et soudain cloîtrés derrière les murs de la Ville-Close ?

Le directeur, François Robert, eut une idée lumineuse : leur permettre de suivre l'activité de l'avant-port, de voir entrer et sortir les bateaux sans quitter leur nouvelle résidence. A l'extrémité du jardin, il fit édifier une plate-forme légèrement surélevée, montée sur de solides piliers et entourée d'une balustrade rappelant le pavois ajouré des anciens dundees. Ce belvédère allait devenir le rendez-vous préféré de ceux qui ne rêvaient que de mer.

Le belvédère était construit (à droite)

Appuyés à la rambarde ou assis sur les bancs de cette passerelle immobile, mâchonnant une chique, ils restaient là des heures durant, fixant le large, au-delà du Cabellou, tirant des bords à travers leurs souvenirs solitaires. D'un simple coup d'oeil, ils reconnaissaient les bateaux, jaugeaient la pêche, devinaient les avanies ? Parfois, quelques mots tenaient lieu de discours : ­ Tiens, le Pierre-Raymond qui rentre. En 29, j'ai fait une marée à bord. Un sacré voilier que c'était... Un jet de salive, une ride un peu plus creuse sous la visière de toile, comme un nuage au fond des yeux trop bleus...

Quand la cloche du dîner les rappelait vers le réfectoire, ils descendaient à regret de ce belvédère magique, dernier lien ténu avec leur vie de marin. Aujourd'hui à l'abandon, l'hospice a, lui aussi, oublié ses fantômes. La modeste plate-forme dominant le port a cédé sous les coups des démolisseurs. On venait, tout à coup, de s'apercevoir que le béton ne s'harmonisait pas avec le granit des remparts proches. Et c’était sans doute vrai.

Mais... L'idée pourtant serait à reprendre. Lorsque, dans un avenir que l'on souhaite proche, cet endroit sera enfin aménagé, pourquoi ne pas profiter de cette disposition exceptionnelle des lieux pour en faire un observatoire sans égal ? Le visiteur découvrirait ainsi ce panorama unique sur les remparts et la baie, renouant du même coup avec une mémoire trop vite négligée.

Michel GUEGUEN




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