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La dynastie
des ROCHEDREUX
1914 . . .1920
Chanteurs, chantez, Danseurs, danser, Sonneurs, sonnez.
La fête est là qui éclate avec ses soixante-dix années d’expérience.
La fête est là qui vous appelle et vous prend. La fête est là qui
vous retient. Un coup, deux coups… Le rideau se lève sur des reines,
des chars et des groupes folkloriques.
Anne
Rochedreux vivra par la pensée cet événement. En 1920 elle
portait la couronne, les foules se déplaçaient pour la voir et pour
l’applaudir. Aujourd’hui, immobilisée sur son fauteuil, elle sera
absente. De loin, et par le souvenir, elle suivra chaque geste, chaque
émotion de l’héritière Michèle Le Gall.
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Écoutez
là racontant ses Filets bleus à elle :
LA
DYNASTIE DES ROCHEDREUX
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Dynastie
, un bien grand mot, certes, mais c’est le seul cas dans l’histoire
des Filets Bleus où la sœur aînée a eu comme héritière sa sœur cadette.
Déjà « Demoiselle d’Honneur » en 1912 et 1913, Anne Rochedreux
fut élue reine en 1914. La guerre fit d’elle une reine sans fête.
Sa sœur à l’époque était demoiselle d’honneur. Elle avait 15 ans.
Quand en 1920 on prépara de nouveau la fête, Antoinette Rochedreux
alla au bal pour voir. Sans l’autorisation de ses parents, le comité
la désigna d’office. Elue contre son gré, Antoinette retourna à
la maison… pour se faire réprimander. Mais l’élection étant faite,
il fallait bien continuer.
« En
ce temps là, il n’y avait pas de cadeaux comme maintenant, le comité
n’avait pas de sous, et puis c’était la première fête depuis bien
longtemps, on ne savait pas si cela allait marcher… Ce fut un succès…Ah
si ! j’ai eu un cadeau, du député Bonillu Lafont : Un
bracelet-montre. Et les demoiselles d’honneur un pendentif »
Mais sa plus grande surprise elle la doit au Docteur Dubois qui
pour la circonstance lui dédia un poème : "Vous avez donc
ce soir le sceptre et la couronne Mademoiselle et pris
ce vocable qui sonne : Reine des Filets Bleus. Ne
serait-ce qu’un mot sonore et que l’on fait tinter comme
un grelot ? Non…"
« En
1920, la fête avait un autre caractère, il y avait des tournois
de luttes bretonnes, les bateaux étaient illuminés, des jeux de lumières
éclairaient les remparts de la Ville Close et puis : « On
savait chanter », il fallait
aller aux répétitions avec M. Lejeune et ce n’était pas des gamines,
mais des femmes qui avaient de la voix.
Je regrette qu’on ne chante
plus assez à présent, les belles chansons des Filets Bleus. Et puis,
on ne sait plus coiffer comme dans le temps : les cheveux sont
mal mis. Tenez, nous avions un char décoré par Fromouth (La mer
en furie, avec filets, barques et tout) et nous avions été
obligés de couper le mât pour
entrer en Ville Close. Et quelle ambiance ! Les gens
du pays faisaient un spectacle pour la fête… ».
« Moi,
je me suis mariée en costume. Le lendemain, je me suis habillée
en « Madame », au grand désespoir de mon beau-père, directeur
de l’école au Passage. Il voulait que je reste en costume ».
Maintenant, Antoinette Rochedreux-Trual vit avec ses souvenirs. De bonnes amies viennent la voir, « mais c’est dur de monter l’avenue de la Gare pour nous autres » disaient-elles. Complètement immobilisée par une fracture de la hanche mal remise, elle garde un moral à toute épreuve. Elle regrette de ne pas pouvoir assister à la fête des Filets Bleus. De son fauteuil elle ne voit pas grand chose « avec la foule qui se masse devant… ».
Malgré ses 75 printemps, elle se souvient et elle chante encore :
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Chante, chante belle friteuse
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La grande mer mystérieuse
Veille sur tes amours…
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