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Reine 1908


 

 


NOS PÊCHEURS BRETONS
(Article de presse de 1908)

En célébrant des Fêtes, on secourt les « Sardiniers »

Désormais, la Bretagne compte une nouvelle reine, une reine devenue célèbre, et dont le Petit Parisien s’est occupé, une reine qui s’intéresse avant tout au bien-être de ses sujets, la « Reine des Filets bleus », dont la population célébrait la fête ces jours derniers….

Nos pêcheurs bretons l’aiment et la vénèrent plus que n’importe quelle autre royauté… Ce n’est pourtant pas que les souveraines bonnes et charitables manquent au pays d’Armor. Qui n’y connaît les reines du Pardon des « Fleurs d’Ajoncs », de Pont-Aven ou celle des « Fleurs de Blé noir », à Dinan ?

Bientôt Arzano aura de même le « Pardon de Brizeux », avec aussi sa « fleur de blé noir ». Mais Concarneau est déjà en pleine vogue avec sa « Reine des Filets bleus ». Et voici comment elle devient reine d’un jour 

UNE ELECTION ROYALE


Chaque atelier de friteuses, chaque usine de conserves de thon ou de sardines, groupe ses ouvrières, ses « sardinières », qui choisissent entre elles une « déléguée ». Puis, à une date fixée par le bureau de la société des « Filets bleus », les élues des sardinières se réunissent à l’hôtel de ville et, au scrutin secret, elles élisent leur « reine », celle, qui montera en princesse de la mer sur le char des « Filets bleus ».


LA REINE DES FILETS BLEUS


Cette année, c’est Mlle Mélanie Lannurien, une jolie brunette au teint de créole, qui a été élue reine. En 1905, c’était Mlle Pauline Le Baccon ; en 1906, Mlle Marguerite Lanoë ; enfin, Mlle Anna Le Bihan fut la reine des « Filets bleus » de 1907.


Je dois tout d’abord, en historien impartial, une petite rectification à mes lecteurs. J’ai dit que le fondateur de la grande fête des « Filets bleus », désormais entré dans les mœurs concarnoises, comme dans les réjouissances d’été des jolies « Penn Sardines » aux bonnets de filets brodés, était le peintre bien connu, M. Le Goût Gérard. Certes, il en est actuellement l’habile organisateur. C’est lui qui, depuis qu’il en a assuré la présidence, lui a donné le renouveau d’intérêt et la vogue qu’elle possède. Mais lui-même m’a déclaré que son premier initiateur fut un peintre fouesnantais, doublé d’un poète concarnois, car Fouesnant et Concarneau sont frère et sœur dans le joli décor de cette mer bleue des « sardinières »….

C’est donc le barde Jos Parker, de Fouesnant, qui donna le beau et si poétique nom de « Filets bleus » à la fête qu’il créa et présida dans l’été de 1905. Justice est maintenant rendue à qui de droit.


J’ai le plaisir à ajouter qu’il y a, aux côtés de M. Le Goût Gérard, d’autres zélés collaborateurs de cette nouvelle œuvre d’altruisme maritime, et lui-même m’a prié de citer tout d’abord MM. De Cambourg, les peintres Grün, Frohmütt et Mlle Herland ; puis les docteurs Lucas, Dubois et Durouy. Ajoutons-y le sympathique administrateur de la marine, M. Le Bouteillier, qui rend tant de services aux sardiniers concarnois. Mais il y a un nuage dans ce beau soleil de la fête des « Filets bleus », c’est que ce sont plutôt des étrangers à ce grand pays de pêcheurs qui s’occupent de cette fête humanitaire, alors que les autorités locales, de même que les commerçants, les usiniers, ont plutôt l’air de n’y prêter qu’une aide un peu trop discrète et trop peu généreuse. Et que l’on ne nous en veuille pas de recueillir cette impression, car c’est l’œuvre elle-même que nous défendons….


 

Repas des pêcheurs

L’UTILE ET L’AGREABLE


Pour mieux y aider et aussi pour attirer l’obole des amis des gens de mer, ajoutons qu’à l’école des filles de Concarneau, et pour huit jours encore, le comité des « Filets bleus » a fait une belle exposition de toiles, de pastels et de vues marinas, qui forment les jolis lots d’une tombola véritablement artistique, à tirer dans huit jours au profit des « sardiniers » nécessiteux. Le prix de chaque billet est de 0 fr.25 et l’on peut en demander à la mairie et dans tous les hôtels de Concarneau.

M. Le Goût Gérard m’a expliqué comment ils répartissent les fonds de la fête des « Filets bleus ». Il ne distribue pas de secours individuels, c’est trop difficile, trop d’injustices. Il partage sa recette en trois dons : l’un va au bureau de bienfaisance de la ville ; le second va au bureau d’assistance médicale et pharmaceutique des marins pêcheurs concarnois ; le dernier tiers est mis en réserve pour créer l’hiver un fourneau économique autonome et destiné aux mêmes pêcheurs.

En 1905, les « Filets bleus » firent 1500 francs de recettes. L’année 1906, grâce à ses nombreuses relations personnelles, M. Le Goût Gérard fit 9500 francs. Depuis, le chiffre s’est maintenu, et tout fait présumer que la fête d’hier, à laquelle ont assisté plus de 1500 personnes, fournira un meilleur lot pour la sébille des sardiniers. Tant mieux, cela les empêchera d’émigrer ou d’aller à la mine ou aux ardoisières, et cela leur permettra d’apprécier mieux encore l’aide philanthropique de la société des « Filets bleus ». . .