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Vachics et fiers de l'être !

"Vachic" est le sobriquet lancé naguère avec mépris par les Concarnois à leurs proches voisins du Passage. Les "Vachics" portent désormais leur surnom avec fierté, mais l'animosité qui a longtemps opposé les deux rives du chenal est toujours vivace dans certaines maisons...

Après la Ville Close, le Passage.
S'il est un quartier au caractère bien trempé, c'est bien celui celui-là. Les Vachics, les Oies du Passage ou les Passagers aiment à cultiver la différence. Et gare à ceux qui les traitent de Concarnois : "Je ne suis pas Concarnoise, moi monsieur. Je suis une Passagère ". Georgette ne plaisante pas avec ces choses-là. Il ne faudrait tout de même pas s'aviser de confondre les Concarnois pur beurre, ceux nés en Ville Close, les Conq comme on les appelait, et les autres.

Les escaliers du bac

Cultiver la différence

A 81 ans, Georgette vit dans la maison qui l'a vu naître. Dire qu'elle est fière d'être du Passage est un euphémisme. " Sincèrement, je n'aurais pas voulu être Concarnoise. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais c'est comme ça ". Peut-être plus qu'ailleurs, ici, on cultive la différence. " Il existait un esprit de clocher très fort entre la Ville Close et ce quartier. Le Passage avait d'ailleurs au début du siècle sa chapelle, sa propre autonomie ", souligne Michel Guéguen. Les femmes portaient la coiffe artisanale de Concarneau " mais pas de la même façon ", insiste l'historien. Pour bien marquer la différence justement, le ruban était renvoyé sur l'avant, comme à Douarnenez.

A droite : Usine Cassegrain

Les Oies du Passage

Si l'homme était pêcheur, les femmes et les enfants travaillaient à l'usine dans les conserveries. Delory, Vermillard (l'usine en bois), Gersant ou encore Cassegrain (la plus grosse et la plus moderne), un parfum ouvrier flottait sur le Passage. Vu de la Ville Close, les habitants d'en face, de l'autre côté du chenal (la frontière), c'étaient les vachics ou les oies. Entre les vaches en train de paître dans le champ où se trouve l'actuel Centre européen de formation maritime et l'abri du Marin où se baladaient les oies, on a eu tôt fait d'affubler les habitants de sobriquets. " Mais ce n'était pas méchants ", sourit Georgette. Tout juste moqueur, " La Vachic ".

N'empêche qu'à l'époque, " si un Concarnois se mariait à une fille du Passage, ça faisait du bruit. C'était même parfois source de bagarres ", se souvient Jeanne Chacun, une vraie Concarnoise, émigrée de l'autre côté. " Ici, les gens étaient imbus de leur coin, de leur pays ". D'ailleurs, n'existe-t-il pas le chant du Passage écrit par le recteur de la chapelle Sainte-Anne. Un chant qui dit en substance : " Je naquis un jour au Passage dans le canton de Concarneau Mon pays est près du rivage Assis tranquille au bord de l'eau ".
Aujourd'hui, même si l'esprit n'a pas totalement disparu, il s'est un peu dilué. " Depuis qu'on a fait le grand Concarneau, le quartier a perdu un peu de son âme ", constate Jeanne Chacun. Reste Georgette qui, quand elle écrit au maire, signe la Vachic. " Et croyez-moi, il sait qui c'est. "

Véritable poumon du quartier, l'usine Cassegrain employait plusieurs centaines d'ouvrières. Au début du siècle, le Passage comptait un bon millier d'habitants.

Et ici, on parlait français, même si on comprenait le breton.




Rue du p'tit Vachic

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