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LA BRODERIE EN BRETAGNE

ORIGINE DE LA BRODERIE


La broderie, avant la Révolution Française, est un luxe que seule une classe de privilégiés peut s’offrir : les membres de la famille royale,  les hauts dignitaires, la bourgeoisie et l’Eglise. En Bretagne, comme dans le reste de la France, les paysans étaient vêtus sensiblement de la même façon, ils portaient un costume de classe sociale, qui était strictement régi par des lois somptuaires précises. Ces lois réservaient aux nobles et aux bourgeois l’usage de certaines étoffes et des ornements précieux , ne laissant qu’aux paysans des tissus grossiers, souvent issus de l’artisanat familial. Bien entendu, la broderie coûtait beaucoup trop chère pour le paysan, les matériaux de base ( la soie, les pierres semi - précieuses, le fil d’or ou d’argent) étant des matériaux de luxe.  Avant la Révolution Française de  1789, il n’y avait donc pas de costumes ni de broderies typiques en Bretagne.


C’est à partir de cette époque, à l’abolition des lois somptuaires, que l’on assiste à la  libération  du costume et aussi de la broderie. Cette abolition donna la permission  aux instincts créateurs des sociétés paysannes de s’exprimer librement. Mais rappelons nous que les arts de la broderie furent à leur apogée de luxe et de magnificence, au XVIII siècle. Il se créa à cette époque à Paris, et dans plusieurs endroits de France, une caste d’artisans brodeurs, que l’on peut même appeler   artistes, qui eut  une réputation qui s’étendit bien au delà de nos frontières.   Or à peine un siècle  et demi plus tard, les brodeurs paysans de Bretagne étaient en mesure de faire les habits des Princes de l’Eglise, ou les habits d’Académiciens, et surtout de créer et d’adapter à la tradition des points de broderie d’origine diverses. D’autre part , avec l’essor du commerce,  les colporteurs et les marchands ambulants permirent de diffuser à travers le pays, les tissus des nouvelles manufactures ( Lyon, Montauban...) . C’est ainsi que la Bretagne s’ouvrit aux nouvelles créations et aux nouvelles modes. faut aussi noter l’influence des premiers journaux de modes et de diverses publications qui donnèrent aux tailleurs et aux brodeurs de nouvelles inspirations. C’est donc à partir de cette époque que l’on peut vraiment parler de la broderie en Bretagne

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LES BRODEUSES
La plupart des brodeuses travaillent chez elles, pour des ateliers, pour des particuliers. En générale, chaque brodeuse a sa spécialité : l’une va broder la bordure des collerettes, l’autre la coiffe, une autre fera les « jours »,  etc... Elles sont payées à la pièce, ou au mètre, suivant le cas. C’est un travail long, minutieux, aussi pour avoir plus d’argent travaillent-elles souvent fort tard dans la nuit.

LE BRODEUR 

Il s’agit d’un brodeur qui fait le costume en entier, taille et broderie. Il  travaille dans son atelier,  et il se rend dans les fermes. Grâce à lui, les motifs régionaux vont se perpétuer. Il travaille seul, et ainsi il adapte à son goût et à celui de sa clientèle, les motifs ornementaux de la population dont il fait partie. Il s’agit là du tailleur paysan, qui a su garder et faire évoluer les broderies de son clan.


D’autres brodeurs possédaient un magasin et un atelier où travaillaient plusieurs ouvriers. Ils ont connaissance plus rapidement des nouvelles tendances de la mode parisienne, et c’est par leur intermédiaire que les motifs ce broderie de styles différents, apparaissent en Bretagne. De nombreux ateliers ont existé, comme les ateliers PichavantLe Minor, et bien d’autre. Avec le renouveau de la broderie à Pont-l’Abbé.

LES MATÉRIAUX  ET LES TECHNIQUES

LES COIFFES

Au début, les coiffes étaient toutes brodées sur linon ou coton, puis le tulle, l’organdi et le filet firent leur apparition. Les coiffes sont en général blanches, en broderie découpée, sauf pour le deuil, où des particularités apparaissent. Ainsi, dans le Pays de l’Aven, les coiffes de deuil sont en toile unie, garnies d’un ruban noir, dans le Pays de Vannes  les coiffes sont en gaze ou tulle non brodé, au Pays bigouden, les coiffes de deuil sont en toile orangée brodées au point très particulier : le neudé.

LES COSTUMES

Les tissus employés pour les costumes sont : le velours, la soie, le satin, et le drap. C’est ici que l’on peut trouver la plus grande variété de broderie. Mais chaque type de costume doit impérativement   obéir à des règles rigoureuses. Tout d’abord la richesse de son propriétaire. Le costume doit montrer le rang social. On ne peut pas mettre plus de velours, ou plus de perles que ne l’autorise son rang dans la société. Il  en va de même pour les types de broderie.

Chaque mode a ses particularités. Dans le Pays de Vannes, on trouve des tabliers en broderie Richelieu,dont la spécificité est d’être très découpée, un point de feston ourlant les motifs, et le point d’araignée reliant les motifs entre eux. Ces tabliers sont en velours, ou en satin brodé souvent ton sur ton. Dans la Cornouaille, on retrouve les motifs avec les grandes fleurs très stylisées , les feuilles et les volutes entièrement perlées avec différentes sortes de perles de verre de couleurs variées, on y trouve  aussi   quelques fois des  motifs géométriques remplis de semis de perles pour les costumes les plus récents.

Ces costumes sont tout en velours noir, et les  tabliers sont en satin ou en soie de couleur claire. Dans le Pays Glazic (région de Quimper) on trouve également des costumes de velours avec des tabliers clairs, pour les femmes, tandis que le costume d’homme a  la particularité d’être bleu, ce qui a donné son nom à cette mode. Les couleurs que l’on retrouve le plus sur ces costumes masculins sont le jaune, l’ orangé et le vert. Les femmes ont elles adopté les perles, et surtout la cannetille d’or ou d’argent. Certains costumes du Porzay sont d’une extrême richesse. Les motifs floraux, la fleur de lys et les épis de blé sont une des caractéristiques de ce costume.

Dans le pays de l’Aven, le pays des grandes collerettes, nous retrouvons les grandes fleurs stylisées, en soie, et les feuilles et volutes en perles. Sur les costumes plus anciens, on y trouve également la cannetille , et de nombreux points de broderies, tels que le point chaînette,  le galon d’Elliant, et la peinture à l’aiguille. Le Pays Bigouden a su développé une mode bien particulière. Les costumes d’homme comme celui de femme, sont recouverts entièrement de broderies jaune et orange qui ont fait connaître le travail des brodeurs, bien loin des frontières du pays bigouden. Ces broderies sont constituées de motifs bien spécifiques, qui ont chacun sa signification :

La planète : Le destin
Le soleil : La joie
La chaîne de vie : La confiance en Dieu


On y trouve également d’autres points  tels que le « drenn pesket » (arête de poisson), le point de chaînette, le point de bourdon etc.. Dans le  Pays de Léon, au nord de Brest, on trouve des grands châles, de mérinos, entièrement brodés au fil de soie ; toutes les couleurs sont admises, le vert amande, le noir, le rose , le beige. Broderie ton sur ton , les points sont variés : points de noeud, point de bourdon, passé plat, passé empiétant,... Ce sont toujours   des motifs floraux. Les femmes ont la particularité de porter une guimpe en tulle perlé. Dans le pays de Douarnenez-Concarneau, on   trouve un costume d’artisane. Ce costume est en moire de couleur, porté avec un grand châle de tulle brodé, soit noir, soit blanc.

LES ORNEMENTS RELIGIEUX
Plusieurs bannières. Il existe en Bretagne des bannières brodées depuis de XVII è siècle. Ces bannières sont brodées sur du velours ou du satin de soie. On y trouve de très riches matériaux : fils de soie, cannetille d’or et d’argent, fils d’or , fils d’argent, perles, paillettes. Ces bannières  représentent toujours, le saint Patron de la Paroisse, le Christ, la Vierge, et Sainte Anne. On trouve également dans les relevés des paroisses,  des nappes d’autel, des soutanes, des habits sacerdotaux différents. Ces ornements étaient brodés dans des ateliers locaux, ou par de simples brodeurs, ou brodeuses.

LE LINGE DE MAISON

Autrefois, les jeunes filles brodaient toutes leur trousseau . On y trouvait des nappes, des draps, des chemises, des serviettes... Dans les années 1950 ,le linge de maison s’est modernisé. Les motifs bretons, ou celtisés  ont fait leur apparition sur les  nappes. La couleur également est employée. Les ateliers de broderie continuent à faire évoluer cette technique. Il est devenu courant de broder une nappe au point « neudé », point qui était à l’origine le point de deuil des coiffes bigoudènes !

LES NOUVELLES TENDANCES

La broderie est à la mode en ce moment. A l’occasion de ce renouveau, beaucoup de changement s’opèrent.  Tout d’abord avec l’élan donné par le renouveau de la culture bretonne et des cercles celtiques,  des costumes neufs ont été faits, ainsi que des coiffes, ce qui a permis de sauver beaucoup de techniques souvent oubliées.  Les brodeurs et brodeuses ont su adapter leur art, et le moderniser pour plaire à la demande d’une nouvelle clientèle. C’est ainsi que l’on trouve maintenant, des services de tables en broderie bigoudenne, des vêtements ornés de motif glazic, des napperons de tulle, des tableaux en perles et cannetilles. Même la mode du petit bonnet perlé de Bébé, perdure et la fabrication de ce petit accessoire reprend ! La tradition de la broderie se maintient, et évolue constamment tout comme elle le fait depuis ses origines. De nos jours, des stages de broderie traditionnelle sont organisés un peu partout en Bretagne, à l’initiative   des fédérations de Cercles Celtiques, et de nombreuses associations. Beaucoup de jeunes y participent, et gageons que la broderie a encore de beaux jours devant elle.  


Bibliographie

La broderie en Basse Bretagne ; War’l Leur - Edition Jos

Le costume breton   R. Creston - Edition Tchou

La broderie en Bretagne de fil en aiguille,   Château de kerjean