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LA BRETAGNE S'OUVRE A LA MODE …
De nos jours, la broderie n'a plus la place qu'elle occupait
autrefois. Les vêtements ne sont plus brodés comme
les modes vestimentaires paysannes ou bourgeoises d'antan, le linge
de maison est plus "pratique", plus sobre ... Pourtant, un
peu partout, on rencontre des passionnés de cet art. Car c'est
un art : celui de tirer l'aiguille, de travailler avec des matériaux
tel que la soie, les perles, le tulle, l'organza ...
De tout temps, partout, l'humanité a brodé.
On retrouve des vêtements brodés , incrustés de
fourrure, de coquillages, de perles, de fils de laine, de soie ou de
coton, dans toutes les civilisations, qu'elles soient d'Europe, d'Afrique,
d'Asie ou d'Amérique. Mais ce n'est qu'à partir de la
Révolution Française, que la broderie a connu sa véritable
évolution.
Avant
cette date, la broderie était un luxe que seule une classe
de privilégiés pouvait s'offrir : les membres
de la famille royale, les nobles , la bourgeoisie et le clergé.
En Bretagne comme dans le reste de l'Europe, les paysans étaient
vêtus sensiblement de la même façon. C'est donc à
partir de cette époque, après l'abolition des lois somptuaires,
que l'on assiste à la libération du costume et de la broderie
en général. Dans chaque pays, chaque région, des
brodeurs et des tailleurs traditionnels s'inspirent des modèles
que les colporteurs envoient avec eux des grands ateliers. De plus,
le monde s'ouvre, les communications sont plus faciles, les transports
favorisent les échanges entre les différents peuples du
monde. C'est ainsi que l'on retrouve sur les costumes traditionnels
bretons des perles de Bohème, des rubans de soie de Lyon,
des châles ramenés des Indes par les marins... Les premiers
journaux de mode apparaissent et donnent aux brodeurs des idées
nouvelles. C'est ainsi que la Bretagne s'ouvre elle aussi à la
Mode.
La broderie a eu des périodes de gloire, elle traduisait par
son symbolisme la condition sociale, les goûts, le sens artistique
des populations. L'abandon des modes paysannes vestimentaires , la modernisation
en général, ont bien failli venir à bout de cet
art si particulier. Pourtant , grâce à l'action de quelques
dizaines de passionnés, la broderie revit. Les grands couturiers
parisiens donnent une place de plus en plus grande à la broderie,
des ateliers de broderie travaillent pour eux. Mais à une échelle
plus humble, des stages de broderie, des cours, des expositions fleurissent
un peu partout.
La "commission broderie" de la fédération des Cercles
Celtiques War'l Leur a été créée
il y a maintenant 20 ans ! Forte aujourd'hui d'une dizaine de brodeurs
, elle a décidé pour son anniversaire, de créer
une exposition où tous les aspects de la broderie sont
évoqués. Cette exposition a aussi pour but de montrer
l'évolution de la broderie en Bretagne. De nos jours, la broderie
se modernise : on retrouve des points employés autrefois sur
des costumes (exemple : le neudé technique utilisée sur
les coiffes bigoudènes) sur du linge de maison, nappes, napperons
serviettes... Le perlage, base du costume féminin de Cornouaille,
se met en tableau... Le tulle revient en force, pour des napperons,
en incrustation sur des caracos ...
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LES DIFFERENTES TECHNIQUES
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LE PICOT
L'origine du picot remonte au début du siècle où
une religieuse a ramené cette technique d'Irlande. C'est
une véritable petite industrie qui s'est créée
dans le pays bigouden, autour de cette technique. Chaque femme,
chaque fillette, et même des garçons , maniaient avec
habilité le petit crochet. Les familles de marins pêcheurs
étaient pauvres, et cette industrie a permis à de
nombreuses familles de survivre. Cette technique permet de réaliser
des cols, des gants, des napperons, des corsages. Pour les costumes
traditionnels, les femmes du pays de Rhuys dans le Morbihan, l'utilisaient
pour leurs châles. Certains points reviennent souvent : les
clochettes, les " huit" la roue. Tous ces motifs sont
faits séparément et reliés entre eux ensuite
par un point de filet.
LA BRODERIE BLANCHE
Broderie traditionnelle que l'on retrouve sur tout le linge de maison
: draps, nappes, mais aussi sous-vêtements, chemises, caracos,
chemisiers etc. .... Les techniques employées sont en général
:
Le plumetis : il permet de broder en relief les initiales,
les fleurs etc. ...
Le point de bourdon : il s'emploie pour les lettres, les
tiges des motifs floraux, les ourlets, les barrettes....
Le point de nuds : il remplit des surfaces délimitées
par un point de bourdon ou de feston.
Le point de feston : il délimite les bordures, les
ourlets, toutes les parties découpées d'un ouvrage.
On l'utilise aussi pour des barrettes.
La broderie anglaise : broderie ajourée brodée
au point de bourdon très fin.
Toutes ces techniques s'emploient sur toiles
de coton, de lin, etc., blanches en général, mais
à une certaine époque, l'utilisation de toiles et
de fils de couleur a été très prisée.
TULLE BRODE
Le tulle était employé en Bretagne pour broder les
coiffes , les châles comme à Concarneau, les manchettes,
les tabliers des communiantes, les robes de baptême, les robes
de mariées etc.. ; mais aussi pour broder des napperons.
On retrouve ici cette technique dans les différents modèles
de coiffes, ainsi qu'en incrustation sur du linge.
LE FILET BRODE
Les femmes ont acquis depuis des génération la dextérité
pour faire ou ramander les filets de pêche de leurs pères
ou de leurs maris. Aussi adoptèrent-elles cette technique
pour leurs coiffes ; technique qu'elles embellirent avec l'aide
du tulle et de différents points de remplissage. on emploie
également cette technique pour des rideaux.
LE PERLAGE
Dans tout le Finistère, et dans une grande partie du Morbihan,
l'emploi des perles s'est répandu. Il a connu son apogée
dans les années 35-40. Des costumes entiers ont été
ainsi recouverts de motifs brodés de perles.
LES COSTUMES BRETONS
Sont présentées ici deux modes vestimentaires de Basse
Cornouaille : un couple de Quimper et un couple de Pont-l'Abbé.
La
mode de Quimper : Le costume de l'homme a la particularité
d'être de couleur bleue, ce qui lui a donné son nom
de "glazic" le petit bleu. Les couleurs de la broderie
traditionnelle sur les gilets des hommes sont le jaune, l'orangé,
le vert le rouge et le blanc. Ce sont des motifs floraux pour les
plus récents, tandis que les plus anciens arboraient des
motifs géométriques. Sur la veste, il faut remarquer
une rangée jaune brodée au point appelé "drenn
pesket" ou arête de poisson. Le costume de la femme
est en velours noir entièrement rebrodé. Les quimpéroises
ont adopté les perles et surtout la cannetille d'or ou d'argent,
les perles de verre et les strass. Certains costumes du Porzay (région
située à l'ouest de Quimper) sont d'une extrême
richesse. On peut les admirer lors du traditionnel Pardon de Sainte
Anne La Palud le dernier dimanche d'août. Les motifs floraux,
la fleur de lys et les épis de blé sont une des caractéristiques
de ce costume. Une particularité, les larges rubans des chapeaux
des hommes sont perlés de perles multicolores et bordées
de franges également en perles.
La mode bigouden : Elle a su développer une mode bien
particulière. Les costumes d'hommes comme ceux des femmes
sont entièrement recouverts de broderies de couleur jaune
et orange qui ont fait connaître le travail des brodeurs ,
bien loin des frontières du pays bigouden. Ces broderies
sont constituées de motifs bien spécifiques, qui ont
chacun leur signification : la planète : le destin ; le soleil
: la joie ; la chaîne de vie : la confiance en Dieu etc. Certains
de ces motifs se retrouvent curieusement sur des costumes traditionnels
anciens de Russie, d'Ukraine et de Slovaquie. On trouve également
sur les costumes bigoudens d'autres points tels que le "drenn
pesket"(arête de poisson), le point de chaînette,
le point de bourdon. Les derniers costumes bigoudens de femmes datant
des années 1945-1950, ont été perlés,
abandonnant ainsi leur broderie spectaculaire au profit des perles.
COSTUMES DE BEBES
Différents modèles de costumes de bébés
de Basse Cornouaille sont présentés.
DIFFERENTES PIECES DE COSTUMES BRETONS
Dans le Pays du Léon et du Trégor, on
trouve des grands châles de mérinos entièrement
brodés au fil de soie. Toutes les couleurs sont admises :
le vert amande, le noir, le rose, le beige, ... Broderie ton sur
ton, les points sont variés : point de nud, de bourdon,
passé plat, passé empiétant. Ce sont toujours
des motifs floraux. Dans le Pays de Lorient, on trouve deux
tendances : la broderie et la peinture. Les jupes des femmes n'étaient
pas brodées, mais on portait un grand tablier de velours
qui pouvaient être peint ou brodé.
PIECES ORIGINALES
Dans cette exposition sont présentés deux gilets "
bourgeois". Lorsque l'on a commencé à abandonner
le costume traditionnel il a été de mode à
une certaine époque chez les gens aisés, de se faire
broder des gilets. Ces habits beaucoup plus légers que le
gilet traditionnel, s'ornaient de broderies style bigouden, mais
avec plus de fantaisie dans les couleurs, dans l'agencement des
motifs. Ils étaient portés avec une veste de ville.
Les femmes ont également adopté cette "mode".
BRODERIE CONTEMPORAINE
Il est également présenté ici des pièces
modernes : des tableaux en perlage, une robe de mariée brodée
sur tulle, du linge de maison brodé au neudé , ce
qui montre que la broderie bretonne est de nouveau bien vivante
et que la tradition en étant respectée peut évoluer.
LA CREATION DES BRODEURS DE WARL'LEUR
Afin de réunir toutes les techniques de base que l'on retrouve
sur les costumes bretons, les brodeurs de la commission broderie
de la Fédération ont créé une robe du
soir en velours vert brodée au fil de soie or. Elle est perlée
avec des perles "or", les fleurs sont brodées au
neudé, les manches sont en filet (fil de soie "or")
, le décolleté en filet et tulle rebrodé également
au fil de soie "or". Sont ainsi résumées
les principales techniques employées sur le costume breton.
La tradition de la broderie se maintient
et évolue tous les jours au gré des fantaisies des
brodeurs, et de la demande des amateurs de cet art. et tous espèrent
que la broderie a encore de beaux jours devant elle.
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