SommaireBienvenue | Concarneau GroupesProgrammation | ReinesRétrospectives | Passé


 
 

A l’heure où tout commencera

Tout débute bien souvent par une histoire de cartons, pas forcément la couverture cartonnée des almanachs qui servaient aux « Borledenn » (habitantes du pays de Quimper que les Concarnoises appelaient par le sobriquet de « Kartonnig ») à monter la dentelle de leurs coiffes, mais de simples cartons de toutes sortes oubliés dans un coin de grenier ou alors renfermant le butin des collectionneurs .

La chasse au trésor a souvent débuté dans les armoires de famille; puis, l'envie de compléter la collection a poussé les amateurs à fréquenter les brocantes, les salles de vente ou là bien encore à solliciter leur entourage dans l'espoir d'enrichir leur patrimoine. L'époque où les mercières cédaient volontiers leurs stocks oubliés est aujourd'hui révolue. Rubans de moire, dentelles de Suisse, valenciennes de coton, guipures, perles et autres cabochons ne sont plus guère trouvables et chaque collectionneur a les yeux de Rodrigue pour Chimène lorsqu'il contemple ses précieux biens.

Ils sont quelques uns à amasser ces coiffes, cols, guimpes, châles, chapeaux et costumes.

Les accessoires, non plus, ne sont pas négligés du panier d'osier noir aux épingles de pardon en passant par les scapulaires et autres croix jeannette. Le collectionneur passe parfois pour un être égoïste, mais peut-être est-il tout simplement trop conscient de l'état de fragilité et de la valeur de ses trésors pour ne pas s'en séparer. Le simple regard plein d'envie d'un enfant de sa famille suffit à le combler. Les beaux atours seront sauvés de l'oubli à la prochaine génération. ll est vrai que le patrimoine vestimentaire breton est riche et varié et que les pièces les plus anciennes sont souvent dignes de figurer dans les vitrines de musée.

Les costumes présentés ce matin à l'occasion du défilé sont majoritairement des reconstitutions; les velours de soie portés il y a encore une dizaine d'années sont aujourd'hui dans les armoires. Ils sont devenus fragiles.

Du dos des « penherez » (les héritières, celles qui avaient les plus beaux costumes) ils sont passés à celui des danseuses dès la fondation des premiers cercles celtiques. II a bien fallu retrouver les gestes des tailleurs et des brodeuses pour recréer une garde-robe fidèle à celles des anciens et répondant à la morphologie actuelle des membres de groupes.

Désormais, la course aux costumes et accessoires a lieu lors de rendez-vous annuels et réunit collectionneurs et danseurs.

L’occasion de voir une famille se séparer de son héritage vestimentaire se fait rare.

Les responsables de l'habillement des cercles celtiques connaissent les dates de certaines ventes où ils peuvent espérer trouver quelques pièces vestimentaires qui en valent la peine ou, tout simplement, les éléments qui serviront à faire un patron.

Les déplacements à Paris pour écumer les boutiques du Sentier et du bas de la Butte Montmartre s'organisent parfois au niveau départemental et c'est à qui possédera l'adresse du marchand de perles le mieux achalandé ou bien celle du marchand d'étoffes les plus nobles sans oublier celle où trouver du tulle de coton.

Toujours fort de cette volonté bretonne de s'ouvrir sur le monde et d'être à la pointe (non seulement de l'Armorique !) c'est sur Internet que se traquent les adresses des fabricants de dentelles à travers le monde entier !

Tout le génie d'une civilisation paysanne et maritime reconnu pour l'extraordinaire diversité de ses guises vestimentaires n'est assurément pas en voie d'extinction.

Sachez ouvrir les yeux et les oreilles ce dimanche matin et dites-vous qu'à la fin du défilé, tout ne fait que commencer et que de forts beaux moments d'émotion à l'heure où résonneront cet après-midi les mélodies des musiciens et les pas des danseurs vous attendent encore !

Après le Triomphe des Sonneurs, la danse des mille