-
|
|
CONCARNEAU
et ses COSTUMES . . .
Concarneau
a la particularité d'avoir deux types de costumes différents
:
L'artisane (ou le costume de la femme de marin)
La paysanne (les environs immédiats de
Concarneau).
L'artisane
Cette mode vestimentaire a connu un développement important,
s'étendant dans tout le pays du Cap Sizun (Douarnenez,
une partie d'Audierne, Beuzec-Cap Sizun, ) et toute la pointe
de Crozon. Elle s'étend également à quelques
ports : Concarneau, et l'Ile-Tudy.
Il existe de très petites
variantes, ce qui permet de reconnaître une coiffe de Douarnenez
de celle d' une coiffe de Concarneau. L'essor pris par cette coiffe
a eu pour causes principales le développement de l'industrie
de la sardine. On ne connaît pas exactement son origine.
René Yves Creston (ethnologue) pense à la coiffe
de Beuzec, d'autres parlent d'une coiffe portée par les
marchandes de poissons de Locmaria près de Quimper, dessinée
par Hyppolite Lalaisse, peintre ethnologue du XIXème siècle.
On y retrouve toutes les parties de la coiffe : la visagière,
les " chilkellou " (petites coques relevées à
l'arrière), et les rubans de percale qui maintiennent la
coiffe et qui lui donnent sa forme.
On retrouve aussi des tableaux anciens avec une coiffe intermédiaire
et depuis la fin du XIXème siècle, une rapide évolution
qui donne la coiffe d'aujourd'hui. Ce costume de Concarneau a
été porté par les artisanes de la ville :
les ouvrières d'usine de poissons, les brodeuses, les femmes
de marins etc...
Par dérision, les femmes de la campagne
ont donné le surnom de " penn sardin " (tête
de sardine) à cette mode, trouvant que la coiffe ressemblait
à une tête de poisson !
Pour tous les jours, les femmes portaient une jupe noire, un chemisier à manches longues, soit de couleur, imprimé, ou
tout noir, un grand tablier, des sabots de bois orangés,
et la coiffe. Ce petit bonnet de dentelle, amidonné, était
brodé sur du tout petit filet, et rebrodé par les
jeunes filles, elles-mêmes en général. Le
montage de la coiffe est complexe, bien qu'à première
vue, elle paraisse simple : on place sur la chevelure un bonnet
de coton blanc, puis on place les cheveux, et on les maintient
à l'aide d'un deuxième bonnet un noir cette fois.
On place ensuite la coiffe par elle-même, et on fixe les
lacets sur le chignon, très en arrière à
Concarneau ( à Douarnenez ils sont sur le dessus de la
tête), et l'on forme un joli nud avec des coques,
tenus par des épingles à tête nacrée.
C'est le costume que les demoiselles d'honneur de la Reine des
Filets Bleus portent.
Pour les fêtes, les femmes portaient une robe de couleur
foncée : vert bouteille, bordeaux, noir, marine.... avec
un chemisier à col droit de la même couleur, orné
d'une guimpe de dentelle, de tulle ou de filet brodé, d'un
grand tablier à petit devantier d'une couleur assortie
à la robe, orné d'une large dentelle de Calais,
ou de Valenciennes, appelée " la blonde ". Ce
costume était complété par la pièce
maîtresse : le grand châle. Le châle apporté
par les marins à leur femme, venait des Indes, et était
en Cachemire. De grands motifs de tons roux avec une grande étoile
noire au centre décoraient ces grands châles, on
l'appelait le châle tapis. Plus tard, les châles noirs
en mérinos (satin et laine) ont remplacé ceux-ci,
ils étaient entièrement brodés de motifs
floraux, noir sur noir au fil de soie, et garnis d'une large frange
de soie.
Les jeunes filles portaient un costume identique : seule
la couleur de leur robe changeait : des couleurs claires, bleu,
jaune paille, rose, remplaçaient les couleurs sombres.
Le châle aussi était différent : un long châle
de tulle brodé à la main, remplaçait le châle
tapis ou de mérinos.
Pour quelques grandes occasions, les jeunes filles portaient avec
ce costume une coiffe différente : la cornette. C'est une
grande pièce de filet brodé, et relevée sur
le sommet de la tête en forme de cornet, ce qui a valu à
la coiffe ce nom. Le montage de la cornette est le même
à celui de la " Penn-Sardin ", il comprend en
plus sur le bonnet noir, un petit fond de filet brodé,
et un large nud de satin qui tombe sur la nuque.
Pour les mariages, les jeunes femmes portaient un costume entièrement
blanc : la jupe, le chemisier, la guimpe, le tablier, et le châle,
De mérinos à la fin du XIXème siècle,
il a été remplacé par le châle de tulle
brodé dans les années 1900. La grande cornette est
portée d'office avec ce costume. C'est maintenant celui
de la Reine des Filets Bleus.
On retrouve aussi ce costume pour
les communiantes. Il est identique. Certaines communiantes portaient
sur leur cornette un voile à la mode de la ville. Autrefois,
le châle et le tablier lui aussi en tulle brodé,
étaient " gaufrés " grâce à
un fer à repasser spécial, ce gaufrage donnait du
volume aux broderies. Les artisanes de Concarneau, contrairement
aux paysannes, n'ont jamais utilisé de velours. Par contre,
des matériaux très riches : les soieries, les brochés,
les damassés, les taffetas, étaient couramment employés
pour cette mode.
Les artisanes ont adapté la mode de la
ville avec celui de leur costume, s'inspirant des robes des femmes
de la ville, des colifichets qu'elles employaient quand elles
ont dans les années 1925 abandonné le châle
et le tablier. L'artisane, vers 1950, ne portait plus de costume
typique mais avait juste conservé la coiffe. Les hommes
Les hommes portaient le costume de marin : la vareuse avec le
pantalon à pont de toile bleue ou rouge brique, accompagné
par le large béret de lainage bleu remplacé par
la casquette plus tard. Pour les fêtes et les cérémonies,
ils ont adopté le mode citadine, c"est à dire
le costume de ville noir " 3 pièces " et le chapeau
" haut de forme ".
Le costume de paysanne
Ce
costume porté par les femmes de la campagne était
porté sur un territoire important : il comprend 33 communes.
Bien sûr, chaque paroisse a sa variante, soit dans le montage
de la coiffe, soit dans la coupe du corselet ou encore, dans la
forme du tablier. Le costume est composé d'une jupe, d'un
corselet, et d'une camisole de velours noir, d'un tablier de satin
de couleur clair, d'une grande collerette empesée, et d'une
coiffe d'un montage compliqué.
Il a beaucoup évolué, dans le temps. Très
long au XIXème siècle, jusque dans les années
1910, il a raccourci, alors que la coiffe prenait des dimensions
qu'on lui connaît aujourd'hui
Les matériaux aussi ont évolué : les robes
et les camisoles de satin ou de mérinos agrémentées
de bandes de velours, sont maintenant entièrement en velours.
Au XIXème siècle des broderies au fil de soie agrémentaient
les costumes, puis vers 1895, les perles d'or et les paillettes,
accompagnées de galons d'or d'Espagne ont ornés
les costumes. Vers 1915, la mode des perles de jais a dominé,
et les costumes se recouvraient de magnifiques broderies en perles
noires. Jupes, tabliers corselets, camisoles, tout était
recouvert de perles. Puis les motifs ont évolué
et se sont modernisés pour devenir des motifs géométriques
pour les derniers costumes traditionnels, en 1945-1950.
La coiffe
et la grande collerette étaient très importantes
au XIXème siècle ; la broderie était sur
baptiste ou linon, mais elle n'était pas très découpée.
Au cours de son évolution, elles sont devenues très
petites, ont failli disparaître dans les année 1915-1920
pour reprendre de l'ampleur et devenir les grandes parures des
années 1950, où les dernières coiffes ont
atteint la hauteur de 30 centimètres !
A partir de 1890,
le tulle est apparu dans la broderie des coiffes et des collerettes,
elles sont entièrement brodées et découpées
à la main, ensuite elles sont amidonnées et il s'agit
ici d'un travail de haute précision. Il ne faut pas moins
de 300 à 500 pailles (graminées ramassées
dans les champs), pour former le léger gaudron des cols,
et 3 heures pour placer toutes ces pailles.
La repasseuse sèche
ensuite le col empaillé et empesé, il lui faut environ
2 heures pour cela, et le lendemain, après avoir passé
le col à la rosée du matin, elle le " relève
" à l'aide du fer à repasser, pour lui donner
sa forme si particulière.
Pour devenir une bonne repasseuse, il ne faut pas moins de deux
ans d'apprentissage. La coiffe plus simple à amidonner
nécessite une bonne connaissance des différents
terroirs. La coiffe comprend plusieurs morceaux, le bonnet, les
mentonnières et les ailes. Toutes ces pièces, accompagnées
de différents rubans, sont épinglées les
unes aux autres. Chaque paroisse a son montage propre qui le différencie
des autre communes.
Les hommes Les hommes ont porté le
costume traditionnel jusque dans les années 1930. Composé
d'une veste, d'un gilet sans manches, il est actuellement en drap
noir, garni de bandes et de carrés de velours, disposés
d'une façon bien précise, situant la paroisse de
son propriétaire.
A partir de 1900, le port du pantalon
droit a remplacé le " bragou braz ", les grandes
braies blanches ou écrues. A partir de cette date aussi,
les broderies sur les gilets des hommes ont disparu, au profit
du velours. Un large chapeau de feutre noir ou de " castor
", garni de velours et d'une boucle d'argent complète
l'ensemble.
-
-
|