Il
n’existe que de rares documents sur les costumes portés en Bretagne et par conséquent à Concarneau, avant la Révolution. On
retrouve quelques représentations des costumes, dans les églises, sur
les statues des saints locaux, sur les calvaires, et aussi sur
quelques rares dessins de voyageurs visitant la Bretagne. Quelques rares
descriptions d’inventaires ont été retrouvés chez des notaires, nous
donnant la description de vêtements tels que : grandes culottes
(braies), gilets de peau , ou de tissage locaux, jupes de gros drap,
tablier à piécette, capot ou coiffe recouvrant bien la tête, grand
chapeau de laine .... Ces descriptions d’inventaires sont communes à toute la France. Ce n’est qu’à partir de la Révolution, que
l’on commence à voir une modification des modes.
Les
provinces françaises n’ont suivi la mode parisienne qu’avec un temps
de retard. Les Bretons ont continué à porter des vêtements dont la mode
a disparu de la région parisienne depuis déjà longtemps. Cet retard
n’est pas particulier à la Bretagne, mais c’est en Basse Bretagne que
l’on s’en aperçoit le plus. La Basse Bretagne est la partie la plus
à l’ouest de la péninsule, là aussi où l’on parle breton. Il s’agit
là d’un double isolement, qui a contribué à la particularité du costume
de notre région. Mais à partir de cette époque, dans les années 1800,
l’évolution se fit plus rapidement. Les
communications, les hommes embarqués dans la Marine, les guerres
du Premier Empire, mirent la population bretonne en contact avec diverses
populations et influences ; ce qui fut aussi une condition d’évolution
du costume.
LA FRAGMENTATION DES MODES
On compte en Bretagne 66 modes différentes, mais pourtant
avec de réels points communs. Cette telle diversité vient que la Bretagne
est très compartimentée, en une quantité de petites ethnies. Ce qui a favoriser
ce cloisonnement, c’est déjà l’histoire de la Bretagne, ainsi que la
langue bretonne, elle aussi comportant de nombreux dialectes. Chaque
population s’identifiait grâce à sa langue, et par la même, à
son costume. On retrouve toutes ces modes, séparées soit par des
montagnes, soit par des forêts, soit par des rivières. Chaque groupe
à une « capitale », qui est toujours le lieu d’un marché important.
On retrouve l’influence des corporations de brodeurs, de
tailleurs, de commerçants. Un grande importance de l’évolution
du costume est aussi dû aux riches héritières, qui ayant les moyens
financiers, ont pu acheter des nouveautés, et servaient ainsi de modèles.
C’est ainsi que le costume breton se transforma
aux cours des générations,
tout en respectant ses propres données.
L’évolution
a été la même pour les coiffes. On y retrouve ces mêmes facteurs
de transformation . Les coiffes sont tout de même encore
plus tributaires de la mentalité de chaque guise (ou mode). L’autorité
de l’Eglise est très importante : dans le Léon, au nord de
Brest, l’esprit religieux est très important, contrairement au sud de
la Cornouaille, où l’influence de l’Eglise est différemment perçue.
Ici les coiffes sont plus exubérantes, plus audacieuses. Il
faut savoir aussi que chaque terroir a plusieurs coiffes, servant dans
des différentes occasions. Il y a la coiffe de grande cérémonie, la
coiffe des dimanches, la coiffe de travail, et toutes la série des coiffes
de deuil, coiffes qui varient suivant la période de deuil. Quelques
modes possèdent également des « capots », grandes coiffes
noires, employés soit pour le deuil, ou pour les travaux. Certaines
villes possèdent également deux types de coiffes totalement différents :
l’artisane et la paysanne.
Le plein épanouissement des coiffes se situe entre
1870 et 1914, après s’amorce le déclin du costume, et par la même de
la coiffe. Le port du costume s’est maintenu à peu près, jusqu'au années
1950, à ce moment, on peut parler de l’abandon du costume.
"Le
costume breton" Creston , éd. Tchou . Lithographie de H. Lalaisse