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Premier bagad de Concarneau


 

 


BODADEG AR SONERION


ASSEMBLEE DES SONNEURS

A ce jour, aucune véritable histoire de la B.A.S. n’a encore été écrite. Il y a bien celle que l’on peut lire, à travers les divers documents livrés par Polig Monjaret au fil des ans, mais constituant la version « officielle » de l’un de ses acteurs ,et non des moindres…

Avant la
B.A.S, la musique bretonne n’est bien sûr pas ignorée. Nombreux sont les ethnographes et folkloristes, surtout pendant le XIXème, et au début du XXème siècle, a s’y être intéressés.

Ce qui va différencier en premier lieu la
B.A.S. de ses prédécesseurs ethnographes, c’est d’avoir produit un dynamisme visant à réhabiliter la « réelle » musique bretonne, et à régénérer celle-ci par une pratique de masse à travers le couple biniou bombarde dans un premier temps.

Le premier soucis de la B.A.S. est de créer avant tout des différences culturelle bretonne, et en particulier musicales claires et sans ambiguïté, destinées à éveiller (ou réveiller) un sentiment « identitaire » chez le peuple breton.

La B.A.S. forge alors le concept de musique bretonne, qui s’exprime à travers deux stéréotypes. Le premier est celui du sonneur (que l’on retrouve, sous la forme plurielle, dans le nom de Bodadeg ar Sonerion), qui s’illustre plus précisément par le biais de ses outils, biniou et bombarde, deux instruments emblématiques de la Bretagne.

Les autres instruments traditionnels, comme le treujenn gaol ou l’accordéon, ne représentent alors aux yeux de la B.A.S. que des déviations de la musique instrumentale bretonne que l’on vient de normaliser. Ceux-ci seront bien sûr réhabilité plus tard. Seules, la vielle et la veuze, auxquelles on reconnaît une certaine bretonnité, portent un statut spécial.

Le second stéréotype est le répertoire. Un travail conséquent de collectage a été mené par les fondateurs de la B.A.S. à son origine. Le fond recueilli a été trié minutieusement par
Polig Monjarret et Jef Le Penven afin d’écarter les airs étrangers, et d’approcher le produit le breton possible. La B.A.S. souhaite faire partager le sentiment breton à un maximum de monde, et recueillir l’adhésion de la plus large communauté possible, orientée plus spécifiquement vers la jeunesse. Mais la consécration de l’esprit de la B.A.S et des moyens qu’elle se donne pour arriver à ses objectifs s’exprime surtout à travers la forme musicale du bagad.

Bagad du Moulin Vert

Le terme bagad apparaît la première fois en avril 1950, dans le numéro onze d’Ar Soner. C’est la prestation d’un ensemble musical lors du congrès celtique au théâtre de Rennes qui officialise la création de la B.A.S. le 23 mai 1943. La définition précise du bagad permet surtout à la B.A.S. de légitimer un « outil » qui semble opportun dans la mise en œuvre de ses objectifs : populariser auprès des jeunes la musique bretonne, mais aussi la culture bretonne en général afin d’éveiller en eux une conscience bretonne.

La musique pratiquée par le bagad, le son qu’il dégage, provoque des émotions qui suscitent des vocations chez bien des sonneurs. Enfin, la compétition des bagadou entre eux est un élément important, puisqu’il répond au désir naturel de confrontation de la jeunesse. C’est pourquoi la
B.A.S. mettra très vite en place un  concours dès 1949.

Années 50, c’est le succès d’un encadrement nouveau pour les jeunes, mais au point de vue musical, ce sont encore des tâtonnements amenant la recherche à se reposer souvent sur le modèle écossais. Années 60, la B.A.S. et les bagadou prennent de l’assurance et déterminent l’éducation musicale des sonneurs comme étant une des bases nécessaires du développement de cette nouvelle entité musicale. C’est aussi le retour à un répertoire plus traditionnel en bagad. Années 70, ce sont les années du revival, dans la mouvance d’Alan Stivell, les bagadou s’y intègrent , en profitant du phénomène.

L’intérêt musical passe avant l’intérêt éducatif.
Année 80, un effort de formation important a été entrepris à la B.A.S, grâce à l’appui des pouvoir publics. Cela  entraîne une reprise de l’activité des bagadou qui commençaient à s’essouffler, catalysés par un deuxième revival des musiques traditionnels, plus en rapport avec l’« authenticité », une notion qu’il faut toutefois utiliser avec prudence.

Le nombre de bagadou en 1993, témoigne de ce nouveau succès de la formule bagad qui attend avec impatience 1999 pour fêter son jubilé. Le bagad est une intégration performante de la musique traditionnelle dans une société nouvelle qui se caractérise par la superposition de milieux culturels divers.

Bagad de Fougère

Le succès de la renaissance musicale bretonne qui s’exprime de nos jours sous les formes les plus diverses, a entraîné un effacement de l’acte militant réfléchi pour laisser place à un nouveau personnage : le musicien. Aussi peut-on dire que paradoxalement, la B.A.S. a rempli l’un de ses objectifs : rendre aux Bretons leur musique… Car c’est le sonneur d’aujourd’hui, et non celui d’hier qui fait de la musique bretonne actuelle et qui prépare celle de demain. Ces réflexions inspirent un adage  prétentieux : « la tradition va toujours plus vite que ceux qui  s’intéressent à elle ».

En fait, le travail n’est pas terminé. Si la musique bretonne a maintenant acquis droit de cité, il faut continuer à la développer, à la maîtriser, à faire en sorte qu’elle devienne la musique des Bretons d’aujourd’hui, dans le respect et le sens du passé. Et pour atteindre ce but vers lequel veut tendre la B.A.S, il faut formuler le vœux que tous sonneurs prennent davantage conscience qu’ils doivent être une élite et qu’il leur faut, par tout les moyens, communiquer à notre peuple, leur culture musicale bien sûr, mais aussi leur fierté d’être Bretons.

Steven Ollivier. Martial Pézennec.