Ces trois compères
se chargeront en quelques minutes de vous apprendre quelques refrains,
dont personne ne comprendra le sens, mais vous vous surprendrez après
à taper dans les mains et chanter les plus traditionnelles chansons
irlandaises.
Coude
à coude et verre à la main sont les maîtres mots
du jour. Multi-instrumentistes, Anthony Mc Cartan de Belfast et Rosie
Short de Londres se rencontrent à une session de musique irlandaise
en Angleterre en 1980. Anthony a alors déjà effectué
des tournées en Europe et vient tout juste de créer un
nouveau groupe appelé les Churchfitters. Rosie elle a commencé
à jouer et chanter dans le circuit folk de Londres avec son frère
Chris. Les styles de Rosie et d'Anthony se complètent admirablement
et Rosie rejoint les Churchfitters.
Dans les années
qui suivent les Churchfitters vont connaître plusieurs formations
et devenir très populaires dans le milieu folk du Sud de l'Angleterre.
Puis le groupe devient duo, Anthony et Rosie tournent ainsi dans toute
l'Europe et jusqu'en Australie.
En 1993, ils décident
de s'installer en Bretagne et sont rejoints par Chris, violoniste
désormais renommé dans le circuit londonien. Le nouveau
trio poursuit depuis sa carrière musicale jouant dans de nombreux
festivals, en France et dans d'autres pays d'Europe
THE CHURCHFITTERS : Format
à trois
Article
paru dans le magazine CELTICS de février/mars 2001
Un irlandais et
deux Anglais : voici The Churchfitters ! Pour célébrer
les vingt ans d'existence du groupe, nous avons invité les
trois musiciens-chanteurs à venir nous parler de leur expérience
commune. Portrait d'un trio qui vit l'aventure avec un grand "A".
Ne
cherchez pas dans votre dictionnaire une définition de "Churchfitters",
vous ne la trouverez pas. Ce mot a été inventé
en 1979 par un certain Jeff Coombs pour désigner le groupe
de musique qu'il venait de fonder avec son ami Anthony Mc Cartan.
Traduit littéralement, "the churchfitters" signifie
"les aménageurs d'église". Mais, de l'avis
des Churchfitters eux-mêmes, c'est un détail : ils auraient
très bien pu s'appeler "les tailleurs de pierre"
ou "les laveurs de carreaux", peu importe. Pourtant, en
dépit des évolutions, la formation - qui est passée
de cinq, à six, à deux puis à trois membres -
n'a jamais changé de nom. Preuve qu'il doit y avoir un intérêt
pour continuer à le porter. Peut-être est-ce parce qu'on
n'oublie pas facilement les Churchfitters ? Vingt ans au service de
la musique irlandaise, à se produire sur les scènes
de France et d'Europe, ça laisse forcément des traces
dans les mémoires. Il y a ce que le public retient des prestations
du groupe, mais il y a surtout pour les musiciens un plaisir qui dure
et dont il veulent encore profiter : "Nous sommes peut-être
devenus des artistes professionnels. Malgré tout, la musique
nous la faisons toujours pour le "fun", déclare Anthony
Mc Cartan. Et, ce plaisir de jouer ensemble est d'autant plus fort
que les trois membres des Churchfitters se connaissent très
bien, unis par une passion et des influences musicales communes (Sweeny's
men, Planxty).
Une
relation Symbiotique
De
la formation telle qu'elle se composait au début des années
80, il ne reste plus qu'Anthony Mc Cartan, originaire de Belfast,
et Rosie Short rejointe en 1993 par son frère Chris, tous deux
natifs de Londres. Les voix des musiciens se marient presque naturellement,
les chansons racontent la vie, le quotidien des gens. Rosie possède
un timbre idéal pour interpréter les ballades. Chris
a une capacité indéniable à produire les churs.
Avec sa voix grave, Anthony hérite aussi d'une verve incomparable
qu'il met à profit pour animer les concerts. Traduisant cette
complémentarité, les Churchfitters parlent de "relation
symbiotique". Naturellement, la facilité qu'ils ont à
s'accorder ne se limite pas au chant. Elle
s'étend à la composition et aux arrangements des titres.
Sans oublier que tous les trois jouent de multiples instruments (bodhran,
violon, mandoline, guitare, bouzouki, banjo, flûte, saxophone...),
ce qui apporte des couleurs différentes et variées aux
morceaux. Malgré tout, même répétée,
l'interprétation de leur répertoire ne peut se faire
sans une prise de risque surtout lorsqu'ils font un concert. "Il
faut être très concentré, explique Rosie. Si l'un
d'entre nous se trompe, c'est la catastrophe, ça s'entend tout
de suite ! On est, pour ainsi dire "naked", nus face au
public : pas d'effets sur nos instruments, seulement un peu de reverb
sur nos voix, rien d'autre." La "peur de la fausse note"
est la principale préoccupation des Churchfitters. On pourrait
penser qu'ils auraient aimé que les médias leur accorde
davantage d'attention avec le temps. À vrai dire, devenir des
célébrités les importe peu : "Faire de la
belle musique, avoir une réputation suffisamment bonne pour
tourner et gagner notre vie, voilà tout ce que nous voulons
!"
Joueurs
à domicile
S'ils
devaient signer un gros contrat avec une grande maison de production,
peut-être se risqueraient-ils dans une nouvelle aventure. En
1997, à l'époque de leur premier disque, un label s'était
montré intéressé pour les soutenir. Malgré
tout, les Churchfitters ont préféré continuer
à agir seuls, principalement pour préserver leur indépendance.
"De toute façon, ironise Chris, si on avait réellement
souhaité devenir riche et célèbre, on n'aurait
pas joué de la musique traditionnelle irlandaise". "Nous
aurions investi en bourse !", complète Anthony. En tout
cas, leur détermination est récompensée car les
affaires marchent bien : le groupe réalise quatre-vingt à
quatre-vingt-dix concerts chaque année. Une bonne partie de
la demande émane des personnes qui les ont vu sur scène.
Entre l'automne et le printemps, la tournée s'effectue à
travers l'hexagone ou dans d'autres pays d'Europe, puis l'été
venu, nos musiciens se réservent davantage de "dates"
en Bretagne. Pourquoi en Bretagne ? Parce que les Churchfitters
ont définitivement adopté cette région, au début
des années 90. Lorsqu'ils ne sont pas sur la route, Anthony,
Chris et Rosie se retrouvent dans le pays de Rennes où ils
ont élu domicile. La proximité avec l'Angleterre n'est
qu'un des motifs qui les a poussé à s'installer là-bas,
la principale raison tient en une phrase : "En Bretagne, on se
sent chez nous !" A tel point qu'Anthony a acquis des réflexes
qu'il ne pensait pas voir un jour apparaître : "Un matin,
en me réveillant, je me suis mis à chanter une mélodie
en anglais. Curieusement, le tempo que je donnais à cette chanson
correspondait à un rythme traditionnel breton !"
Chansons
d'Irlande
Cependant,
même s'ils se sont attachés à la culture bretonne,
les Churchfitters n'ont dans le fond pas modifié leurs orientations
musicales. La formation sélectionne ses morceaux au "feeling"
et son répertoire est constitué, principalement, de
reprises de morceaux traditionnels irlandais ou encore écossais,
anglais et américains. Les compositions du groupe suivent toujours
la même tendance. Après "The parting glass"
(1997) et "Deep sky blue" (1999), leur troisième
album prévu pour l'année prochaine devrait s'inscrire
dans la lignée des précédents.
Et pour ne pas changer, la pochette sera encore une fois illustrée
par Rosie : "Pendant six ans, j'ai suivi des cours dans une école
des Beaux-arts en Angleterre. Le dessin m'a toujours attiré
même si j'ai peu de temps a lui consacrer". Anthony, aussi,
a étudié les Beaux-arts dans sa jeunesse mais il n'a
jamais poursuivi pour s'investir très rapidement dans la musique.
Quant à Chris, si vous lui demandez ce qu'il a fait avant,
ne soyez pas surpris s'il répond : "Rien d'autre. J'ai
juste appris à marcher !"
Comme vous l'aurez remarqué,
Les Churchfitters sont de fins
humoristes et c'est aussi pour ça qu'on les apprécie
!
THE
CHURCHFITTERS est un groupe britanique composé de 3 musiciens
(chant/bouzouki, chant/flûtes/saxo/banjo/guitare, et violon)
qui distille un folk festif et rythmé où se mêlent
des titres traditionnels celtiques, américains ainsi que d'excellentes
compositions, le tout arrosé d'un humour très "british"
...
CELTICS
Texte : Anthony Le Breton
Photos : François Paris