SommaireBienvenue | Concarneau Groupes Programmation | Reines Rétrospectives | Passé


 

Germaine GRATALOUP

Reine 1949


Il y a 60 ans, c'était elle la reine des Filets bleus


Devenue reine malgré elle, alors qu'elle se rendait pour la première fois à un bal populaire, Germaine Martin n'a rien oublié de cette année fabuleuse.

« Je ne voulais pas être reine » , raconte timidement Germaine Martin. C'était en avril 1949 qu'elle est devenue, malgré elle, reine des Filets bleus pour un an. Son récit ressemble à un conte de fée. « Je me rendais pour la première fois à un bal populaire, j'avais à peine 17 ans et je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer. » Les fossettes au bout des lèvres, Germaine Martin a aujourd'hui près de 77 ans et se souvient avec émotion de cette année si particulière.

Les prétendantes au titre de reine sont appelées sur l'estrade, Germaine fini sa danse, mais un homme vient la chercher pour qu'elle participe à la sélection. «Je ne comprenais pas, j'ai dit tout simplement : non ! Mais j'ai finalement cédé. Je portais le numéro13, comme par hasard ! »

Le comité des fêtes fait alors son choix, ce sera : Germaine Grataloup de son nom de jeune fille. « À cette époque j'étais très réservée, ça me gênait énormément. Mais il semble que je correspondais aux critères de sélection de l'époque : brune, visage allongé... Ça allait bien avec le costume blanc », explique cette femme apparemment toujours aussi étonnée. « Ah, c'était la joie, je me suis retrouvée avec mes demoiselles d'honneur, les applaudissements étaient denses... C'est un jour que l'on n'oublie pas comme ça. »

La reine élue lors d'une première fête est présentée officiellement lors d'une seconde soirée. « Des gens sont venus chez moi, ils m'ont habillée d'une robe et ma maison a été toute décorée. Mon père qui adorait ça les a aidés à garnir les murs. » Tous se retrouvent au cinéma Le Celtic qui était aussi un théâtre à l'époque. « On était dans une grande salle, pour ce que l'on appelle aujourd'hui encore l'intronisation. Il y avait beaucoup de monde, les gens dansaient et des bagadoù jouaient. »

Les jours passent et la chance continue de lui sourire. En juillet, Germaine se présente aux fêtes de Cornouaille où elle est élue demoiselle d'honneur. « Pour être reine de Cornouaille, il fallait faire parti d'un cercle celtique, ce qui n'était pas mon cas. »

La fête des Filets bleus

Puis le grand jour arriva... Le 21 août 1949, elle est parée pour le défilé . « Nous sommes partis de la mairie. J'étais sur un char, avec ma robe de mariée faite sur mesure et le magnifique tablier, cousu de perles et de dentelles. C'était très beau. Arrivés à l'entrée de la Ville Close, on m'en a remis la clé. »

Germaine Martin a la voix qui tremble, les photos déballées sous ses yeux sont jaunies mais les visages qui y sourient ont gardé tout leur éclat. « Nous sommes allés à l'hôpital qui était à l'époque en Ville Close. Dans le dispensaire, j'ai rencontré les jeunes mamans et les personnes âgées. C'était très important. La fête des Filets bleus avait une fonction sociale. Les gains étaient reversés aux familles de pêcheurs qui avaient des difficultés économiques. »

Ensuite, ils se rendent au Grand Hôtel, aujourd'hui L'Amiral, pour dîner. « Nous avons traîné à table et puis il y a eu le bal. J'ai ouvert la danse avec le président de l'œuvre, Édouard Vétu. Je n'ai pas veillé très tard, j'étais très fatiguée... »

Après cette fête, la reine devient vraiment connue de tous. Elle parcourt le Finistère pour participer aux nombreuses fêtes : Bénodet, Douarnenez, Pont-l'Abbé... «J'étais très contente lors de ces déplacements, mais j'aurais tellement aimé aller à Paris comme les jeunes filles d'aujourd'hui. Vous imaginez à 17 ans ça aurait été extraordinaire. » À son travail, dans une fabrique de boîtes, elle reçoit les félicitations de sa patronne et de ses collègues.

Et bien sûr, il arrive un moment où le règne prend fin. Le rêve de la jeune fille s'arrête. « Mais pas totalement. Les souvenirs restent et les gens vous connaissent. Je crois que l'on garde ça toute une vie », s'exclame Germaine Martin qui revient sur terre.

Et puis, le teint rougi et le sourire malicieux elle fait une dernière confidence : « c'est l'année où j'ai rencontré mon mari, il m'avait prise en photo sur le char. » Alors on serait tenté d'écrire comme pour finir le récit d'un conte : « Et ils eurent beaucoup d'enfants ! »

Virginie Guennec