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Le bas de la côte du Passage



La reine des marins pêcheurs

 

Marie Martin, 95 ans, née sous la bonne étoile du Nord …

 

Marie MARTINMarie Martin, 95 ans, a deux fils, deux petits-enfants et quatre arrières petits-enfants. Sa soeur Joséphine Mahé du Henant 93 ans, vit toujours au Moulin du Henant.

« A cette époque, il y a eu jusqu'à 100 marins dans mon bistrot. Et les filles de chez Cassegrain venaient y avaler leur quatre heures vite fait». C'était l'entre deux-guerres et Marie Martin, 95 ans aujourd'hui, s'en souvient avec émotion, de son café au nom évocateur, « L'Etoile du Nord »...

Dimanche au repas du CAC, doyenne de l'après-midi, elle recevait en cadeau le livre de Concarneau de pas en pages.

Deux jours plus tard, elle évoque ses souvenirs dans sa maison de la rue Jules-Ferry. Jules Ferry qui était mort depuis quatre ans lorsque, le 12 novembre 1997, Marie venait au monde au Moulin du Henant, sur les bords du Moros, vers Melgven.

Curieusement, ce sont les souvenirs les plus anciens qui sont les plus vivaces dans la mémoire de Marie. Mes parents tenaient le moulin et chaque vendredi je crois, on donnait du blé aux pauvres. Jusqu'à 12 ans, on allait à l’école à Lanriec, à travers champs, malgré qu'on avait peur des vaches...

Juste après la guerre, Marie unissait sa destinée à celle de Joseph Martin, un marin-pêcheur de Trévignon, patron d'un thonier et qui disparaîtra en 1929, victime d'une maladie contractée lors de la « Grande guerre ».

C'est en 1922 que Marie émigre au Passage et devient « Vachic » en reprenant « L'Etoile du Nord », un bistrot aujourd'hui désaffecté mais qui a gardé son enseigne. Comme s'il voulait y garder intact le brouhaha des marins-pêcheurs. « Ils débarquaient par équipes de 7, affamés, venaient manger à n'importe quelle heure.

Vue prise du bistrot l'Etoile du Nord

Une barrique de cidre

il y a eu jusqu'à 120 marins en même temps dans le café et dans la cour », se souvient Marie. Son fils Adrien, 66 ans, ancien horloger ajoute malicieusement : « un jour, une barrique de cidre tut vidée dans la matinée, et c'est comme ça que les légendes naissent.

Haut de la côte du Passage

On dansait la gavotte

Ah la grande époque du port... Les Groisillons, les Audiernais qui " venaient boire la bolée dans l'un des nombreux estaminets du Passage. Avitaillement des bateaux, le boire et le manger, les filets à sécher, les vélos entassés dans la rue et combien de services rendus... «Pour ceux qui habitaient Trévignon ou Névez, le bistrot c'était aussi la famille du marin, de 6 heures du matin à 11 heures du soir. Aux beaux jours, on dansait la gavotte dans la rue et toutes les maisons restaient ouvertes...

Puis viendra l'Occupation; le port continue à vivre. «Les Résistants du Papillon des vagues, le bateau du Guilvinec, ont souvent mangé clandestinement à I'Etoile du Nord. Un jour, ma mère a dû répondre aux questions d'un officier allemand», raconte Adrien Martin.

C'est peu avant 1970 que Marie quittera l'Étoile du Nord. Restée fidèle à son Passage, elle va à la messe chaque samedi, lit son journal et regarde la télé. Elle aussi a vécu Concarneau de pas en pages.

Michel TANNEAU

Son autre fils Jean-Marie, 70 ans, Artiste-Peintre de renom, installé en Provence pendant longtemps, vit aujourd'hui à Concarneau. (Article non daté)