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FETE
DES FILETS BLEUS
HISTORIQUE
Elle a été, en effet, organisée pour la première fois durant
l’été de 1905, dans un Concarneau attristé par la disparition,
le long des côtes de notre province, de la sardine, dont la pêche
était la principale ressource du marin pêcheur, et la fermeture presque
totale des usines de conserves. Bon nombre de concarnois avaient même
dû, au début du siècle, quitter la ville cherchant du travail, soit
à Saint-Nazaire, soit même dans les mines du Nord.

Dans
les archives départementales du Finistère à Quimper, nous avons pu
consulter les numéros de la Dépêche de Brest (l’ancêtre du Télégramme
actuel) et à la date du 29 août 1905, on peut y lire un entrefilet,
dont nous donnons, ci-dessous, l’essentiel :
Dépêche de Brest du 29 août 1905 :
« Matinée
de bienfaisance, sous l’initiative du Maire de Concarneau, Monsieur
Billette de Villeroche » : Une matinée de bienfaisance
va avoir lieu . Un Comité a été constitué sous la présidence
de Monsieur Habert, artiste peintre, avec l’aide de Messieurs de Cambourg,
Jos Parker, Montellier etc.…avec la présence de certain artistes professionnels.
De nombreux amateurs rendent certaine la réussite de cette fête
de charité, organisée pour venir en aide aux nécessiteux, qui souffrent
encore de la mauvaise pêche. Le programme sera très varié :
comédie, monologues, poésie, ainsi qu’une tombola.
Quelques
jours plus tard, le 5 septembre, nouvel article :
« Après
la Fête des Fleurs d’Ajonc à Pont-Aven, c’est la Fête des
Filets Bleus à Concarneau : c’est la mer à coté du bocage ;
c’est l’évocation des petites barques, parallèles aux chariots d’agriculteurs !
Le spectacle de chars, et de fraternité, se déroulera
dimanche prochain 10 septembre, sur la place d’Armes, devant l’admirable
décor de la ville close, reflétée dans la mer à marée haute.
Dès 13H30, le prélude, cher à tous les bretons, la sonnerie
des binious, ramènera les Concarnois des quais et des rues voisines ;
les amateurs de belle matinée se rendront au Théâtre Casti, gracieusement
mis à la disposition du Comité par Monsieur Le Jeune, le Directeur.
Le programme est composé avec soin, il artistique et varié.
Sans déflorer les heureuses surprises, nous pouvons dire qu’il se
terminera par la délicieuse pièce « Jean Marie » (de l’écrivain
André Theuriet) joué par une artiste professionnelle de grand talent,
Mademoiselle Derigny, et deux amateurs bien stylés : Monsieur
Henri Bonduelle et le peintre Habert, le zélé président du comité.

De
beaux prix sont votés pour le concours de costumes bretons, et pour
les meilleurs couples d’habiles danseurs et de gracieuses danseuses,
dont la farandole enrubannée présentera ses hommages à la Reine des
Filets Bleus, à l’heure languide où le soleil empourpre l’horizon,
et met dans les voilesdéployées des barques
et la brise des légers filets, toute une vision de lapis et
d’or. nous espérons que les braves marins pavoiseront en l’honneur
de leur Fête ! »
Dépêche
du 12 septembre 1905 :
« La
Fête des Filets Bleus a été réussie. Pour la matinée artistique et
de bienfaisance, le grand théâtre Casti était comble. Le concours
de costumes bretons a été superbe par sa variété et les richesses
des costumes y figurant. Le concours des danses bretonnes a eu lieu
sous les Halles, et a obtenu un grand succès. Tels furent
les modestes débuts de cette Fête des Filets Bleus , dont le nom st intimement
lié à celui de notre ville…En effet, dans les autres provinces, ou à Paris, quand vous prononcez le nom de Concarneau, on ajoute immédiatement : " Ah ! oui Concarneau et sa fête des Filets Bleus ! "
Les
années qui ont suivi ces débuts, ont vu les concours pour rendre la fête plus attrayante,
augmenter tous les ans, attirant une foule de visiteurs. Elle se déroula
ensuite dans la Ville Close, au Petit Château , où l’on dressait des
stands qui rivalisaient pour les objets vendus : "petits filets
bleus" devenus l’emblème de la Fête, porcelaine de Quimper, dentelles
bretonnes, crêpes, etc.… Chacun voulait que la caisse de bienfaisance
soit abondamment remplie.
Les
nombreux artistes (acteurs, peintre, chanteurs, musiciens) qui de
tout temps ont passé leurs vacances en Bretagne, n’ont jamais refusé
leur concours bénévole à la fête. Elle commençait le samedi soir par
un concert artistique qui obtenait toujours un très grand succès.
Un
trio de musiciens, quelques années après la création de la fête, appelés
« Le Trio Monmartrois » vint égayer et animer les manifestations.
L’un d’eux, Albert Larrieu écrivit de nombreuses chansons dont celle
des Filets Bleus (que l’on chante toujours actuellement) qui était
alors chantée dans le cortège par le cœur des sardinières. Albert
Larrieu dirigeait lui-même ce cœur accompagné par ses deux camarades
à la guitare, ayant troqué leur grand feutre monmartrois et leur lavallière,
contre le béret de marin, le pantalon et la blouse de couleur vive
des pêcheurs concarnois. Ils s’intitulaient alors « Le Trio Concarnois ».
La guerre 1914/18 a interrompu la fête pendant
quelques années. Elles reprit ensuite en 1920 pour s’arrêter de nouveau
pendant la seconde guerre mondiale.
Les progrès sociaux ayant amélioré les conditions
de vie du pêcheur, la pêche à la sardine ( avec ses filets bleus)
s’étant développée, la Fête des Filets Bleus demeure toujours, mais
n’a plus le même but qu’à sa fondation. Elle demeure pour rappeler
une période du passé de notre ville, et présenter aux nouvelles générations
la beauté de nos vieux costumes (dont beaucoup ont appartenu aux vieilles
familles concarnoises) et la richesse de notre folklore…
Pour ces raisons souhaitons que
La « Fête des Filets Bleus » continue encore longtemps !
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