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Jacques de Thézac,
Fondateur de l'oeuvre des Abris du Marin

(1862-1936)

Né à Orléans en 1862, Jacques de Thézac passera une jeunesse dorée, tournée vers les sports de loisirs nautiques en Charente-Maritime dans sa famille de Saintonge. Lors d'une de ses régates habituelles, il rencontra une Concarnoise Anna de Lonlay qui demeurait au manoir du Porzou à Lanriec et l'épousa en 1888 avant d'aller vivre en Bretagne.

C'est là qu'il s'intéressera aux pêcheurs bretons et qu'il découvrira la misère qui règne dans les ports et les villages de marins. Il visita les petites maisons insalubres des marins de la côte et des îles. Il y remarqua l'extrême pauvreté de la vie des familles nombreuses, la maladie, surtout la tuberculose, les ravages de l'alcoolisme et de la démoralisation. La mort y est sans cesse présente. Il comprendra la solitude, la faim et le désœuvrement des marins, du mousse au capitaine en passant par les matelots, les poussant à boire pour oublier la misère. Il les verra retourner au canot pour y passer la nuit été comme hiver, protégés de la pluie et du froid par la capote de la voile du bateau. Il les observa et chercha l'issue qui pourrait les sortir de ce plus profond dénuement.

Jacques de Thézac abandonna alors l’oisiveté de sa vie de régatier et adhéra aux idées du catholicisme social, profondément convaincu de la place déterminante que devaient tenir les laïcs dans l’Eglise. Il entreprit de mener une vaste opération de bienfaisance au profit des marins de la pêche côtière.

Il pensa que la solution devait se trouver à proximité des ports, ou même sur les ports eux-mêmes et permettre aux marins, jeunes ou vieux de se reposer, de se divertir ou de trouver un repas. Il fallait que cet endroit puisse accueillir tous les marins, du bourg ou étrangers au village, de nombreux bateaux voyageant au gré des déplacements des bancs de poissons, des coquilles et des crustacés. Dans ce cas là, les seuls points de ralliement étaient les bistrots et les troquets dans lesquels l'alcool et la prostitution faisaient des ravages sur la santé des hommes.

Il commença par éditer un guide en cours de 1899, à la fois outil de travail et prêcheur de bonnes paroles en conformité avec les règles de l'église catholique. L'almanach propose les différentes phases de la lune, des instructions nautiques, les tables des marées, des règles élémentaires d'hygiène et de sécurité, des dictons météorologiques, des injonctions morales, des appels à la modération, des exhortations à la fidélité et à la sauvegarde de la famille. C'est l'Almanach du Marin Breton. Le succès est immédiat dans le petit monde des navigateurs. Ce succès ne se départira jamais et continue de nos jours, au XIX ème siècle.

Puis, il dessina les plans d'une maison destinée à l'accueil des marins pêcheurs, dans le but d'accueillir les hommes et d'améliorer leurs conditions de vie. Il fonda une grande œuvre sociale en 1899, appelée l'Abri du Marin. Il s'agit de maisons, situées sur le port, toujours peintes en rose, qui devaient gratuitement servir aux marins de foyer, d'abris, de salle de réunion. Elles comportaient toujours une bibliothèque, avec des abonnements à des périodiques et à des journaux. Les abris étaient financés par des ventes de charités organisées par des notables. Les terrains étaient donnés par les communes ou les paroisses. Chaque Abri formait ensuite une association locale, dirigée par un comité composé d'une vingtaine de pêcheurs élus par leurs camarades. Le premier patron élu à l'abri du Passage à Concarneau, mit au point un gilet de sauvetage qui sera distribué gratuitement à tous les membres.

En 1899, le tout premier Abri du Marin fut construit et ouvrit ses portes au mois de décembre de la même année. Le lieu connut un engouement immédiat. Confortable, accueillant, il est aménagé de façon à offrir le gîte, le couvert, les soins médicaux, des animations de loisirs et une formation professionnelle. Des conférences y ont lieu pour former les esprits. La lutte contre l'alcoolisme y est permanente.

L'oeuvre compte parmi ses fondateurs des professionnels du monde maritime (patrons pêcheurs, conserveurs) et des amis artistes et hommes de lettres parmi lesquels Charles Le Goffic, André Chevrillon, Théophile Deyrolle, Désiré Lucas. Elle est reconnue d'utilité publique en 1920 et subventionnée par le Ministère de la Marine et le conseil général du Finistère.

En 1936, Jacques de Thézac disparaissait en laissant l’image d’un grand humaniste et d’un pionnier de l’action sociale maritime. Ses successeurs s’efforcèrent de conserver la ligne philanthropique qu’il avait définie tout en s’adaptant à l’évolution de la pêche bretonne.