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sardinières à la fête des Filets Bleus


 

 

AVANT LA REINE DES FILETS BLEUS,

LA REINE DES SARDINIÈRES,

Depuis 1905, Les concarnois sont fiers d’applaudir leur Reine d’un jour,
symbole à la fois du charme et du travail des jeunes filles de la Ville Bleue
.


Visage chaque année différend mais costume traditionnel fidèle à celui porté au début du siècle par les sardinières, le jour de leur mariage. De satin et de dentelle, il s’agissait bien là d’une parure de fête sans aucun point commun avec la sobre tenue de travail des friteuses de sardines. Mais pour les artistes du pays, les jupes sombres et les tabliers couverts d’écailles avaient autant d’attrait que cette blancheur empesée. Bon nombre de toiles en témoignent.

En 1886, bien avant que la Fête des Filets Bleus ne voit le jour, l’un des personnage les plus intransigeant du monde littéraire, le critique Gaston Deschamps, envoyé par le journal « Le Temps », découvre à son tour l’attrait de Concarneau…et de ses sardinières. Mêlant réalisme et lyrisme dans le ton de l’époque, il rédige aussitôt un papier qu’il intitule :

LA REINE DES SARDINIERES 
: « Encore la sardine ! Elle me tient et ne me lâche plus. Je la sens dans l’air. je vois flotter aux mâts les filets très fins où elle se jette tête perdue. Un bateau norvégien est ancré près du quai, et des matelots blonds, à face ibsénienne, débarquent des barils d’œufs de morue, ou rogue, destinés à appâter ce poisson fou. J’entre dans une des « usines » où les pêcheurs, après leurs campagnes, apportent leur butin…


Sardinières

C’est dans un atelier de « friture » que j'ai vu la plus belle fille dont puisse s’enorgueillir la cité sardinière de Concarneau. Un fourneau de brique est un trône bien étrange pour une divinité. Et la blanche écume de mer vaut mieux pour entourer Aphrodite, que l’ébullition de l’huile d’olive. le parfum de nectar et de l’ambroisie  ne flottait point dans le lieu sombre où je vis pour la première fois cette merveille. Le petit bonnet des femmes de Concarneau, serré sur cette tête parfaite, laissait à peine échapper , ça et là, quelques mèches blondes et gâtait les lignes pure du profil. Un affreux tablier de cuisine offensait les contours du buste délicat, de la taille souple, des anches fines. Quant aux pieds, dignes d’être modelés dans du marbre par le ciseau de Puech, ils disparaissent dans d’énormes sabots. Pourtant elle avait un air de Reine en agitant, avec une écumoire de fer battu, les sardines dans l’huile. Son geste était beau. Sa manche retroussée découvrait un bras blanc et ferme dont la fraîcheur  faisait songer à cette Nausicaa qui ne dédaignait pas, elle aussi, de descendre à des besognes  réputées serviles… Seulement Nausicaa était fille de prince, et celle-ci est née dans la maison d’un pécheur !

Remarquant mon admiration, le directeur de la sardinerie me dit :"C’est Jeannick, la perle de Concarneau, beaucoup de garçons lui font la cour et voudraient l’épouser, mais elle est difficile. D’ailleurs ici elle gagne une dot qui lui permet de faire la fière. A ses moments perdus, elle sculpte des sabots et de menus objets de bois". Ainsi, Jeannick était artiste et ses belles mains se reposaient de l’industrie sardinière en soumettant aux lois du dessin la matière indocile.


J’entendis au fond de ma mémoire un écho de Théocrite : « Regarde cette coupe, je l’ai sculptée dans le cœur d’un olivier sauvage. Si tu la porte à tes lèvres, tu respirera la fraîche odeur du bois récemment ciselé ».

L’article, hélas, ne raconte pas si le critique littéraire parisien épouse la Reine de Concarneau.

Mais pourquoi n’iriez-vous pas, à votre tour, du côté de l’usine Gonidec ?
Il paraît que là-bas se cache encore plus d’une Nausicaa.

Pause tricot