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Vous avez dit : « FILETS BLEUS »

 

Fête des Filets Bleus ! Combien d’estivants croyant trouver sur le port l’explication de ce nom donné à la fête de Concarneau sont revenus déçus ! A bord des bateaux d’aujourd’hui, de lourds chaluts bruns, de gigantesques sennes rouges, mais de filets bleus point ou si peu qu’on finirait par croire qu’il s’agit là d’une idée sortie tout droit de l’imagination colorée d’un marchand de folklore.


Non monsieur, l’explication n’est pas non plus dans ce minuscule filets-souvenir, bien bleu pourtant celui-là acheté à un enfant du pays. Mais vous approchez pourtant de la vérité car ces petites breloques ont été taillées dans les restes de ces milliers de filets à sardines qui firent la gloire et la fortune de Concarneau.

La fête à 94 ans. Qu’était donc Concarneau en ce début de siècle ? Une cité de 8000 habitants qui ne vivait que par la pêche et pour la pêche. En quelques dizaines d’années quantité de familles des campagnes environnantes étaient venues s’y installer,, délaissant les terre d’alentours pour connaître la vie « facile » de la ville. C’est qu’en effet, avec sa trentaine conserveries de poisson, Concarneau était devenu le pôle d’attraction de la région : les femmes et les filles travaillaient à l’usine, les hommes et les garçons à la pêche.

Si le port accueillait de nombreux thoniers venus de Groix ou des Sables, les Concarnois, quant à eux, étaient resté fidèles à la pêche qu’avaient pratiquée leurs ancêtres : la sardine.


Dès la dernière semaine de juin, les centaines de chaloupes goudronnées de frais étaient fin prêtes, serrées dans l’avant port. Jusqu’en octobre, parfois novembre, c’était du matin au soir un va-et-vient de bateaux prenant le large par grappes de voiles brunes ou forçant sur les avirons , au retour, pour être les premiers à terre. Un grouillement de marins et d’ouvrières en coiffes sur les quais et dans les ruelles et, partout, des écailles argentées pailletant les pavés, bordant les caniveaux de festons précieux, parant de joyaux éphémères les sabots de bois.

Le soir, lorsque la flottille revenue au port s’enveloppait d’un parfum de feu de bois et de cotriade, montaient aux mâts comme des flots de dentelles ondoyante les filets de pêcheurs de sardines ;  spectacle irréel que tentaient de saisir sur leur toile les nombreux artistes séjournant alors à Concarneau. Oui en ce temps-là Concarneau était bien le pays des filets bleus.

La sardine, hélas, est un poisson capricieux. Un beau jour, elle ne parut plus sur nos côtes et, pendant plusieurs années, la prospérité céda la place à la misère la plus noire pour les milliers de familles. A une époque où il n’existaient ni caisse de chômage, ni secours d’aucune sorte , l’arrêt de la pêche privait les marins de toute ressource. C’est pour aider les malheureux ainsi réduits à la famine que l’idée vient à quelques peintres et notables de la région d’organiser une fête de bienfaisance : la Fête des Filets Bleus était née.

Devant le succès inespéré des premières années, la tradition se perpétua. Depuis 94 ans, toujours avec la même ferveur, Concarneau fête ses marins. La misère s’est éloignée, les sardiniers ont disparu, les costumes locaux font maintenant partie du folklore. Les Filets Bleus demeurent. Malgré son âge respectable, l’aînée des fêtes bretonnes  n’a pas une ride.


Regardez donc cette jeunesse qui danse joyeusement,
le sourire de la Reine qui préside la Fête,
vous comprendrez pourquoi les Concarnois clament à tous échos :
Vive les Filets Bleus !