Le vieil homme, en sifflant, déambule sur la plage,
Repérant dans le sable les trous à coquillages !
Ils se cachent, ils se terrent, dans ces trous étriqués,
En sortiront seulement, bâchés par la marée !
Toujours en sifflotant ! le vieil homme s'accroupit,
L'oeil rivé sur un trou, sur le sable il s'appuie,
Y enfonce un doigt et soudainement brandit,
Un très long coquillage, à l'aspect bien verni !
Son panier presque plein, va bientôt déborder !
Des touristes bluffés, se risquent à demander,
" Peut-on manger, Monsieur, ce que vous attrapez ?
Est-ce bon ? Comment faîtes-vous donc pour les pêcher ? "
" On les appelle couteaux ! Ou « solen vagina !
Ils s'enfoncent dans le sable, vous ne les aurez pas !
Mais moi, le vieux ! Je sais, qu'ils adorent la musique !
Alors ! Je leur sifflote, de bons airs folkloriques !
Ils pointent le bout du nez, pour pouvoir m'écouter !
C'est ainsi qu'ils terminent, leur vie dans mon panier ! "
Il ne dévoile pas, bien sûr ! Ce vieux malin !
Qu'il cache sous son ciré, une poche de sel marin !
Son secret ? Il se baisse, et dépose une pincée,
De sel au bord du trou ! Croyant à la marée,
Le coquillage trompé, sort et se fait piéger !
Mais on ne livre pas, sa façon de pêcher !
Au contraire l'enjôleur, parle plats cuisinés !
" Exquis ! Hachés menus, frits, et bien persillés !
Cru avec du pain beurre, et un bon coup de vin ! "
L’auditoire en salive ! Quand il s'exclame soudain !
" La mer a trop monté, fini pour aujourd'hui ! "
Mais il ajoute tout bas ! " Venez donc à minuit !
La lune sera pleine, basse sera la marée !
Si on siffle, les couteaux ! Rempliront nos paniers ! "
Le vieux revint le soir, mais en catimini !
Tapi derrière une roche, il ne fut pas surpris,
De voir à quatre pattes, des cinglés sur la plage,
Siffler ! Siffler ! Devant les trous à coquillages !
Méfiez-vous cher lecteur, des vieux merles moqueurs,
Leurs beaux sifflotements, tiennent fort souvent d'un leurre,
Qui vous envoie siffler, sous des lunes, à toute heure !. .
José Le Goff