La Bretagne tout entière s'est donné rendez-vous ce dimanche à Concarneau, pour les Filets Bleus. Au bout de cinq jours d'animations et de spectacles, le grand jour est enfin arrivé. Et ce dimanche, ce sont des milliers de bretons en costumes, noirs et blancs souvent, rehaussés de couleurs aussi diverses que les opinions qui ont pris vie sous le soleil. Binious et bombardes se sont accordées. Les cercles se sont laissés envahir par les enfants. Car les enfants de Bretagne ont séduits durant la grande fête des Filets Bleus ; enfants de Concarneau sur les chars traditionnels ou enfants dans les différents groupes, la jeunesse de Bretagne est partout dans le défilé et dans la journée; dans la fête et sur les podiums.

Seconde conclusion de ces fêtes, par ailleurs dénigrées, décriées par les pisse-vinaigre qui se précipitent pour récriminer sur les 30 F d'une journée de spectacle, c'est que les Filets Bleus ont devant eux un bel avenir. Voici que les cercles et Bagadoù de Bretagne se donnent rendez-vous pour une fête où finalement le spectacle tient peu de place, où le public n'est que secondaire. Les Filets Bleus demeurent la fête des gens qui se connaissent. Si chassés justement de trop grandes fêtes folkloriques qui ne sont plus que spectacle, si les bretons qui aiment leur culture se retrouvent à Concarneau, c'est que la fête a sa raison d'être.

Troisième conclusion, et non la moindre, la fête des Filets Bleus est et reste une fête de solidarité, telle qu'elle a été voulue en 1905, telle qu'elle a su demeurer. Les Filets Bleus, c'est la fête des 2 ou 300 bénévoles qui se dévouent pour collecter des fonds afin que l'œuvre des Filets Bleus poursuivent sa mission. La fête est de servir.

Voici à Concarneau des groupes du Croisic, de Saint-Servan; de Plaintel... de toute la Bretagne, malgré les autres fêtes, et en particulier, celle de la Saint Loup à Guingamp. Le cercle de Riec sur Bélon, fidèle depuis longtemps aux Filets Bleus, passe fièrement au milieu de la foule qui s’étire le long du défilé. Une foule exigeante, comme une végétation trop luxuriante sur les bords d’une rivière vivante..

En voisin, le cercle de Moëlan sur Mer, fort du charme de ses jeunes filles et de son costume tout particulier, différent de celui de Riec ou de Quimperlé, de Clohars Carnoët surtout. Le char des enfants, ovationnés.

Cette armoire aux bambins est tirée par un placide cheval breton, mais les enfants vont trouver longues ces deux heures de défilé.

Voici pour un défilé de plus de deux heures toutes les danses, toutes les musiques de Bretagne. Et voici encore une journée de danses sur les podiums, danses connues ou ignorées, mais des danses sur lesquelles les cercles ont travaillé. Le folklore devient une science.

La fête de ceux qui se connaissent

Mais la Bretagne ne fait pas tous les filets Bleus, et on saluera avec plaisir la participation, des groupes qui ont animé la semaine comme les turcs d'Istanbul, les hongrois, les italiens, nos voisins angevins aussi au douces traditions, aussi vivantes que celles de Bretagne.:. On en oubliera inévitablement, parmi tous ceux qui se sont efforcé de répandre leur joie de vivre en souriant, en dansant ou en chantant. Mais surtout, les Filets Bleus savent réunir dans leur idéal tous ceux qui ont décidé d'accompagner Concarneau. Voilà pourquoi ces Filets Bleus 89 sont aussi les fêtes du jumelage qui n'a jamais été aussi présent. Senne-Bielefeld et Penzance ont manifesté plus de la présence et de la sympathie. Les deux délégations, en particuliers l'orchestre des jeunes de Penzance, ont voulu donné à ces Filets Bleus une note toute particulière, celle de la véritable tradition : la solidarité avec les moins favorisés.

 

Si la fête des Filets Bleus dépasse les limites de Concarneau, on s'en réjouira. Surtout si les villes jumelées entrent dans cet esprit.

Concarneau dira aujourd'hui un grand merci à la quarantaine de groupes qui ont sonné et dansé. Mais qu'est-ce donc qui fait sonner et danser ? Vous avez vu et entendu ce triomphe des sonneurs et cette danse des mille ? On la néglige ailleurs, la voici bien vivante. Pour ceux qui vivent les musiques et danses de Bretagne, le triomphe et la danse ont un sens. Le bonheur est collectif, comme la fête. Le voici concarnois. Surtout si la solidarité ajoute un peu de sourire sur les lèvres de tous.

Filets Bleus 89 : on regrettera certaines comparaisons, on avouera sans doute aussi certaines lacunes, des trous et des vides, mais l'essentiel est bien que la solidarité continue, et au-delà des 35 000 entrées de cette année 89, sous le soleil torride.

Yanne THELIN - Corinne BUREL - Christelle DUIGOU - Patricia JAOUEN - Claudia KERNINON

Bernard LE TOUZE.