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Avant
la Reine des Filets Bleus…
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Est-ce
un signe des temps ? Aux quatre coins de France se multiplient
les élections de « Miss ». Défilant avec ou sans maillot
sous les regards concupiscents d’un jury presque exclusivement
masculin - coïncidence ? les candidates ont à peine conquis
leur titre qu’elles sont oubliées : une « miss »
chasse l’autre… dans l’indifférence générale.
La
Reine des Filets Bleus de Concarneau n’a rien à voir avec ces
élues d’un soir, lauréates d’une compétition style
« poulinière », c’est à la fois la tradition et le
passé laborieux de la Cité que symbolise celle qui durant toute
la période des fêtes présidera aux animations de la ville. Tout
au long de l’année c’est elle aussi qui représentera
Concarneau dans de nombreuses manifestations en France et à
l’étranger.
Depuis
1905 la coutume se perpétue, faisant de la Fête des Filets Bleus
la plus ancienne fête folklorique de Bretagne
Mais
cette jeune fille portant le costume des mariées du début du
siècle dernier, n’est-ce pas aussi un hommage aux « sardinières »
qui durant des générations firent le renom de l’industrie concarnoise
Dans
les replis du passé.
Les
concarnois, comme tous les Bretons, et contrairement à la légende
qui veut que ceux-ci soient tristes et taciturnes, ont toujours
aimé la fête : farandoles, feux de joie, luttes, courses
à pied, à cheval où à l’aviron parsèment l’histoire quotidienne
de notre ville.
Il
est pourtant une réjouissance jadis en vogue qui mérite plus
particulièrement qu’on s’y arrête car elle se perpétue à Concarneau
– puisse la Fête des Filets Bleus faire aussi longue carrière !
plus de trois siècles durant : Le Papegaut
C’est
au mois de mai qu’avait lieu cette fête à l’issue de laquelle
était intronisé pour un an le « Roi du Papegaut »,
titre des plus envié en raison des avantages qui s’y rattachaient.
Mais ne pouvait pas être Roi qui voulait et le plus gracieux
sourire n’aurait été d’aucun secours devant les Sénéchaux et
Procureurs chargés de vérifier le bon déroulement de l’épreuve.
Car c’était bien d’une épreuve qu’il s’agissait : « Le
Roi » était en fait le plus adroit tireur du pays.
Le
Papegaut.
Concarneau étant place de guerre, tous les habitants devaient, en cas d’attaque,
pouvoir prendre les armes et se constituer une Milice Paroissiale.
Dès le haut Moyen-Age, les hommes du pays s’entraînaient donc
régulièrement au tir à l’arc. Plus tard ce sera l’arbalète puis
l’arquebuse, le mousquet. Déjà en 1451 le Duc de Bretagne les
avait dispensés de plusieurs impôts en récompense des services
rendus « à l’occasion des guerres qui ont si longtemps
duré et son encore sur la mer »
Cent
ans plus tard, Henri III accordait à la ville le Droit de Papegaut.
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(plus
tard de métal) fixé au bout d’une perche sur l’un des arbres
du Petit-Château, en Ville-Close, devait être abattu sans qu’il
en reste trace sur le support. Le vainqueur était porté en triomphe
mais surtout pouvait vendre, sans payer de droit, cent barriques
de vin ! Une petite fortune que l’heureux gagnant se dépêchait
de revendre à un cabaretier de la ville en échange d’une bourse
bien garnie.
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Les concurrents étaient donc nombreux et les résultats devaient
être constatés par des hommes de loi pour éviter tout litige.
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Un jour pourtant les juges furent bien ennuyés : impossible
de retrouver la cible abattue. Le prétendant à la couronne dut
jurer qu’il avait selon « l’uzument » utilisé sa propre
arquebuse munie d’une seule balle de plomb. Il fallut faire
appel à témoins qui assurèrent y avoir vu le papegaut voler
par-dessus les remparts et disparaître dans la mer. On put donc
désigner le vainqueur.
Ce
n’est qu’en 1770 que le Conseil décida de supprimer ce privilège
d’exemption de droits et les revenus en furent reversés au petit
hôpital qu’entretenait la commune.
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Le Roi du papegaut disparut du même coup mais l’expression est restée dans le langage local et à Concarneau on dit toujours de quelqu’un qui se pavane devant les autres :
« Ma ! regardez çui-ci
qui fait son papegaut sur le quai ! »
Jeu du Papegaut :
Explications : Le privilège de papegaut avait été accordé par les ducs de Bretagne à de nombreuses villes ou bourgades dès le Moyen Âge : elles étaient trente-cinq à la fin du XVIIIe siècle. Ce privilège autorisait les archers et arbalétriers, puis les arquebusiers, à se réunir pour s'entrainer et organiser chaque année un concours de tir. Le papegaut (du vieux français qui signifie " perroquet ") était un oiseau en carton ou en bois qu'il fallait abattre : le vainqueur devenait alors le " roi du papegaut ", avec pour récompense des exemptions de droits et la permission de lever certains impôts.
Une grande réjouissance très populaire qui dura près de deux siècles, de 1575 à 1770, était celle du tir du papegaut ; à l'origine destiné à maintenir une milice entrainée, elle avait lieu, chaque année, le premier dimanche de mai. Le papegaut était un perroquet de bois planté au haut d'un mât et qu'il s'agissait d'abattre d'un coup d'arquebuse. Le tireur qui réalisait cet exploit recevait le titre de " roi " et avait le droit "d'amener, vendre ou faire vendre et distribuer par menu détail", 20 tonneaux "de vin d'un tel crû et pays qu'il (aviserait), franc, quitte et exempt de tous tributs, impôts et billot".
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