Pour les Filets Bleus . . .

 

Passants qui vous plaisez à leurs grâces légères
Et trouvez séduisants les sinueux ébats
Des filets au repos se balançant aux mâts,
Ayez aussi parfois souci de leurs misères.

Vous aimez l'air joyeux, câlin et captivant
Qui, les jours de zéphyr, sort des molles écharpes ;
L'instrument qui le jour avec un bruit de harpes
Ce n'est pas le filet, songez-y, mais le vent.

C'est la brise d'été s'ébattant en la trame
Qui lance la chanson en dictant le refrain.
Le filet la reprend et cache son chagrin,
Mais le chagrin souvent sanglote dans son âme.

N'est-il pas bien des jours où, quelque diligent
Que soit un dur labeur à compenser ses peines,
Le filet à la mer tendant des mailles vaines,
La barque rentre au port sans un poisson d'argent.

Passants heureux, songez au sort de la nacelle
Incertaine toujours du gain du lendemain,
L' "Œuvre des Filets Bleus" aujourd'hui tend la main,
Pour les jours malchanceux, videz votre escarcelle.

Docteur DUBOIS (1876-1949)
Ancien fondateur de l'œuvre des Filets Bleus