La première Fête des Filets Bleus
Un peu d'histoire.
Du 15ème siècle jusqu'à la fin du 19ème, la pêche à la sardine est l'activité essentielle de Concarneau. Mais, à partir de 1902 , la sardine déserte les côtes bretonnes. Les campagnes de pêche se font déficitaires, les usines de conservation ferment les unes après les autres, le chômage se répand dans la région avec son cortège de misères. Découvrant cette situation très critique, l'ensemble de la nation française s'émeut et se mobilise. Concarneau vit alors de la charité nationale. Au pays, la population s'organise également. Afin de trouver des fonds pour secourir les familles de marins pêcheurs, des manifestations sont mises en place ici ou là.
Naissance d'une fête
En 1905, Billette de Villeroche, premier magistrat de Concarneau, lance l'idée d'une fête pour soutenir les familles des pêcheurs et rendre hommage au travail de ces courageux marins. Il persuade un groupe d'amis de l'aider à monter ce projet. Un comité se crée regroupant commerçants, vacanciers, peintres et poètes. Les filets de sardiniers étant alors bleus, Jos Parker, poète, baptise cette fête " La Fête des Filets Bleus ". Granchi Taylor dessine la première affiche, une sardinière un peu triste tenant dans ses bras son nouveau-né devant le beffroi de la Ville Close. Depuis, les affiches seront presque toujours des uvres d'artistes.
La célèbre complainte des filets bleus est composée par Albert Larrieu du Trio Montmartrois.
Déroulement de cette 1ère Fête des Filets Bleus
Enfin, le 10 septembre 1905, a lieu, à Concarneau, cette grande fête de bienfaisance à caractère folklorique, la première en Bretagne, " La Fête des Filets Bleus ". La fête commence par la musique, des chansons et du théâtre,
et se poursuit par un concours de costumes bretons et l'élection de la première reine.
La fête des Filets Bleus, hier et aujourd'hui
Fête sans prétention à l'origine, la fête des filets bleus est de retour chaque année à l'exception des années de guerre. Voyant dès les premières années, les touristes affluer, les femmes de la Ville Close eurent l'idée de vendre des petits filets bleus. Très vite, le Comité reprit l'idée à son compte dotant les petits filets bleus d'un macaron officiel. Depuis, ils sont devenus l'emblème de cette fête.
Aujourd'hui, pleinement inscrite dans la vie culturelle et traditionnelle de Concarneau, la Fête des Filets Bleus remporte toujours un vif succès. Elle se déroule l'avant-dernier dimanche D'août.
Les Filets Bleus, outils de travail symboliques
Durant des siècles, Concarneau fut l'un des plus grands centres mondiaux de la pèche à la sardine. Toute la ville y participait, les hommes la pêchaient, les femmes la salaient ou la pressaient et l les enfants s'occupaient des filets. Chaque été, la flottille de centaines de chaloupes prenait la mer, chacune traînant derrière elle un filet. Attirée par les ufs de morue, la sardine, prise par les ouïes, était remonté à bord, démaillée encore vivante et dirigée vers les sardineries où les femmes la travaillaient aussitôt.
Sardines pressées, sardines séchées, sardines en conserve
la sardine, seule ressource d'une population entière qui ne tenait qu'à un fil, celui de ces filets si précieux..
Une dizaine ou une vingtaine de filets, voilà la fortune des matelots. Si la pêche apportait l'aisance à quelques armateurs, le marin arrivait à peine à faire vivre sa famille. Le pêcheur embarquait avec ses propres filets et si l'un deux était déchiré par un marsouin, il perdait sa pêche et son outil de travail
Jadis, les filets étaient de chanvre ou de lin, lacée à la main. Imprégné d'eau de mer en permanence, ces filets résistaient à peine 3 ou 4 saisons. Ils étaient pourtant traités avec un procédé efficace, la tannée, décoction d'écorce de chêne ou de bouleau dans laquelle ils macéraient pendant 36 heures y prenant une couleur brun sombre. Ils restaient néanmoins très fragiles.
Vers 1860, apparurent les filets à la mécanique plus solide , plus réguliers et moins coûteux. Très vite, ils furent fabriqués en coton. C'est à l'occasion de l'exposition universelle de 1861, que les marins de Dieppe présentèrent un nouveau procédé de tannage. Leurs filets à harengs, d'un bleu un peu verdâtre, couleur de la mer, étaient tannés au sulfate de cuivre. Ainsi traités leurs filets se conservaient mieux et, invisibles dans l'eau, ils devenaient plus " pêchant ". Les sardiniers de Concarneau adoptèrent ce procédé de tannage et leurs filets devinrent bleus. La pêche s'améliora
Sur les toiles des artistes, les pastels des filets répondaient aux indigos de la mer.
Ces Filets Bleus devinrent alors un symbole de Concarneau.