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Achille Granchi-Taylor
1857 - 1921


Achille Granchi était né à Lyon le 10 juillet 1857. Père immigré italien, mère anglaise, Anne-Marie Taylor, il chercha à se faire un nom en peinture, il associera le nom de cette mère anglaise en signant « Granchi Taylor ».

Granchi découvre la Bretagne et Concarneau, il causa une grande sensation dans la région, non pas tant par sa peinture, mais par son costume de travail : il peignait en effet, vêtu d’une redingote, des sabots de bois aux pieds et il portait sur la tête un chapeau haut de forme de Yokohama.

Dans la foisonnante galerie des peintres qui illustrèrent les quais de Concarneau, aujourd’hui encore Granchi-Taylor apparaît en retrait, derrière l’écran brumeux qui enveloppe ses toiles. Ce colosse barbu qui niche au balcon de la maison de bois de la digue, reste l’illustrateur de la misère sardinière des années 1900.

On le voit autour du port de Concarneau où il saisit les attentes des femmes, des enfants, des vieux : Granchi est conscient de magnifier le vrai peuple du pays, celui des travailleurs de la mer. De manière plus profonde, discrète et sentimentale, Granchi-Taylor a lié son nom à Concarneau par une affiche mille fois reproduite, celle des Filets Bleus. Tout le monde connaît ici cette maternité de la digue : une pauvre femme, coiffe de campagne, attend tout de la mer dans une attitude tendre et pourtant impassible. La kermesse organisée en 1905 pour les pêcheurs et baptisée Fête des Filets Bleus n’appelait à aucun lendemain et ne demandait pas de support publicitaire. L’affiche viendra plus tard.

Granchi marquait une préférence pour les scènes graves, même tristes, pour le sérieux des visages, pour la placidité ou la résignation des attitudes, pour la sobriété des gestes. Il prenait pour modèles des vétérans de la pêche, des chiqueurs boucanés, mais sans truculence, surpris dans leurs occupations familières, des mousses têtus, patients et soucieux…tous baignés dans cette atmosphère grise et non terne qui est peut-être une spécialité de la Bretagne qui fut certainement dans la vision de Granchi.

Il l’a bien connu, ce peuple de la côte bretonne. Et il l’a bien connu parce qu’il l’a bien aimé. Il faisait de longues conversations avec ses pêcheurs, s’embarquait avec eux, partageait le plus possible leur vie, par goût, discrètement et sans tapage.

Il observe, décrit la misère ambiante, il regarde et s’apitoie de loin. Les scènes qu’il rencontre à la digue, sur le quai Pénéroff, dans la lande du Rouz, le renvoient à un monde isolé, portant coiffe ou béret, un monde de travailleurs ramenant l’hiver des poissons de chalut, une ville qui attend le retour des pêcheurs et qui connaît trop souvent le désespoir des filets vides. La misère, dont on n’a plus seulement l’idée, était dans nos ports une réalité ambiante que peu d’artistes ont su suggérer discrètement comme Granchi Taylor.


Extraits de la brochure du Musée de la Pêche de Concarneau (Louis-Pierre Le Maître)