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QUELQUES PEINTRES . . .
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Zoom sur la période où l’activité artistique fut peut-être la plus intense,
et donna les œuvres les plus représentatives du patrimoine concarnois.
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L’œuvre
des Filets Bleus, destinée à aider les familles guettées par la
misère, s’est trouvée dès sa création en 1905, étroitement liée
à la vie artistique de Concarneau. Les artistes à cette époque étaient
précisément venus à Concarneau pour peindre les pêcheurs, les bateaux
et leurs filets bleus, saisir des instants de leur vie.
Ce sont
eux parmi les premiers qui ont participé à la Fête en créant les
chars, offrant des tableaux pour les tombolas, ou le programme.
L’affiche de la première manifestation a été réalisée par Granchi-Taylor
et l’on retrouve au comité de direction le peintre Le Gout-Gérard.
Les années suivantes ce sera une affiche de Janssaud qui annoncera
la fête, ou un programme de Fromouth. La participation de Delpy
quelques années plus tard ne nous est pas encore connue mais
son intérêt est évident le jour où il se fait photographier avec
sa femme en costume breton… Et il était tellement proche de ce milieu
marin que l’on imagine mal qu’il ait pu ne pas participer à la fête.
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Lorsqu’on
évoque le mouvement artistique concarnois (faute de pouvoir utiliser
le terme « Ecole de Concarneau »), plusieurs noms viennent
immédiatement à l’esprit, comme ceux d’Alfred Guillou, Théophile
Deyrolle, ou Achille Granchi-Taylor. Leurs noms sont attachés à
Concarneau comme leurs œuvres sont indissociables de son histoire.
Et plus précisément à la période 1900-1920.
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Granchi-Taylor
(1857-1921) vécut une trentaine d’années à Concarneau, et il
est considéré comme un de ceux qui représenta le mieux la vie concarnoise
dans ses difficultés quotidiennes.
Il est en outre l’auteur de l’affiche
de la première fête des Filets Bleus (1905), car comme la plupart
des artistes de la colonie des peintres concarnois, il s’était profondément
impliqué dans la vie sociale locale. Le peintre Achille Granchi-Taylor
a commencé par fréquenter Pont-Aven vers 1885, avant
de venir installer son atelier à Concarneau où il
résida jusqu’à la Grande Guerre.
Son œuvre est inspirée par la vie quotidienne des pêcheurs
de Cornouaille. Il illustra plusieurs ouvrages notamment de Victor
Hugo et Théodore Botrel et il fût à l’époque
l’un des rares artistes de Concarneau à entretenir
des relations suivies avec Paul GAUGUIN qui réalisa d’ailleurs
son portrait.
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Mathurin
Janssaud (1857-1940) délaissa sa Provence natale pour la lumière
et les ciels changeants de Bretagne, au point que notre région devint
son unique source d’inspiration. Et notamment Concarneau, où il
peignit de nombreuses scènes de la vie locale, dont il s’attacha
à transcrire la lumière et le mouvement, souvent au pastel ou à
l’aquarelle.
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Emma
Herland (1855-1947) Cherbourgeoise d’origine, c’est une artiste
dont on a pu dire qu’elle donne une vision un superficielle et folklorique
de Concarneau, mais qui demeure intéressante par son souci du détail
et des effets de lumière.
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Maurice
Grün (1869-1947) Estonien qui obtint à Concarneau sa naturalisation
Française, et à qui l’on doit des œuvres remarquables, où se mêlent
un réalisme très XIXème siècle et un travail sur la lumière tout
à fait impressionniste.
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Mathurin
Méheut (1882-1958). Si ce peintre séjourne à Concarneau au
début de l’été, lors du rassemblement de plusieurs centaines d’embarcations
pour la pêche au thon qui commence en juin, il s’y attarde plus
volontiers en août pour la Fête des Filets Bleus qui a lieu depuis
1905. La majorité de ses œuvres, croquis, gouaches, peintures,datent
de l’entre-deux-guerres.
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Parallèlement
à l’animation du port qui l’enchante, Méheut s’intéresse aux qualités
chromatiques et formelles de cet outil. Il valorise notamment dans
ses œuvres la richesse de leurs reflets.
La structure particulière
des filets, à la fois dense et transparente, oblige en effet l’artiste
à travailler sur toute la gamme des bleus, une de ses couleur préférées
avec l’ocre et le rouge.
Il insiste aussi sur la confrontation de
ce bleu tour à tour profond, intense, pâle ou translucide avec l’ocre
brun des flotteurs en liège. Ses gouaches et ses croquis révèlent
enfin la fluidité de cet instrument qui dessine des lignes
élégantes dans l’espace.
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Alfred
Guillou. De son atelier place de la Croix à Concarneau, Alfred
Guillou est un privilégié. De la digue à la chapelle de la Croix,
toute l’activité maritime en plein essor lui offre sur un plateau
les multiples scènes pittoresques si prisées à Paris. A Concarneau,
la pêche sardinière puis , ultérieurement, la pêche thonière procurent
) la population des activités multiples tant en mer qu’à terre.
Marins et leurs femmes, ouvrières des usines toutes proches s’activent
du matin au soir. Mouvements incessants des barques et des chaloupes
sur fond de murailles de Vauban, embarquements, débarquement, attentes
inquiètes sur les rochers, autant d’instant de vie dans une cité
en fièvre, un régal pour Alfred Guillou et la cohorte de peintres
qui viendront le rejoindre.
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Sydney
Thompson (1877-1973). Ce
peintre est avant tout un grand observateur de la lumière et des
ombres. Ce qui est remarquable c’est la façon dont, vivant sous
des cieux bien différents, il s’est chaque fois adapté à l’atmosphère
du paysage qu’il peignait.
Ayant parcouru le monde, il est toujours
resté fidèle notre coin du Sud Finistère dont il avait subi le charme
au début de ce siècle. Concarneau à cette époque est inouï
de beauté et les peintres s’installent les uns contre les
autres sur l’arrière des cabines qui se trouvent sur la digue. L’avant-port
rempli de thoniers multicolores tant par leurs voiles que par leurs
coques qui se reflètent dans les eaux tranquilles cernées par la
Ville Close d’un côté, et par les landes et les bois du Passage
de l’autre, et les sardiniers apportent d’autres harmonies, le ton
sombre des barques et le bleu des filets. On y rencontre des peintres
du monde entier.
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D’autres
noms, parfois prestigieux, parfois obscurs, se côtoient comme : Deyrolle, Le Merdy, Charles Henry Fromut , Eugène Labitte, Fernand Le gout-Gérard, John Recknagel, Maurice Asselin… Tous, avec leurs talents et leurs sensibilités respectifs, ont été les témoins, voire les chroniqueurs, du Concarneau de cette autre époque, qui fut celle de nos grands-parents et arrière-grands-parents.
Il
y a des moments comme ça, où le regard de l’amateur de peinture,
néophyte ou averti , peut devenir celui de l’enfant feuilletant
un très vieil album de famille.
Découvrons l'auteur de l'affiche 2000
Pierre de Belay (1890-1947)
Pierre
de Belay est né en 1980 à Quimper. Attiré
par la peinture pour laquelle il a des dons précoces, il
se forme auprès de son père, peintre paysagiste et
en passant des heures à contempler les tableaux au musée
de sa ville. Vers sa quinzième année, il peint de
nombreux portraits dans une facture tout à fait classique.
De 1904 à 1907 il fréquente le petit cénacle
d'avant-garde du quai de l'odet, où Max Jacob, son ami de
jeunesse, réunit ses amis. On discute de l'art, on lit des
vers, on fonde un journal. Pierre de Belay se forme ainsi au contact
de camarades plus âgés que lui. Plus tard, fixé
à Paris où Max Jacob l'a attiré dans son groupe
de la rue Ravignan, il rencontre Apollinaire, dont il fait plusieurs
portraits, et s'écarte vite de ses camarades du Bateau-Lavoir
: Picasso, Juan Gris, André Salmon et les autres, il se sent
trop indépendant.
Il travaille avec acharnement. Il étudie sans maître,
s'inspirant uniquement de la nature, développant par un travail
constant le plus riche tempérament. La vie, le mouvement
l'attirent, il aime les personnage groupés, les ports peuplés
de bateaux, de marins. Il construit ses sujets en pleine pâte,
cernés par un trait vigoureux, les larges touches colorées
apportent la lumière. "La Bretagne, a-t-il dit, a
été pour moi une source d'inspiration". L'été
venu, il peint à Concarneau, Audierne, Lesconil, il produit
intensément et rapporte de ses longs séjours un nombre
impressionnant de toiles, d'aquarelles et de dessins qu'il expose
à Paris et que les collectionneurs s'empressent d'acquérir.
En 1923 il exécute quatre panneaux de 4x3 m : "Scènes
de la vie bretonne" pour l'hôtel Ker-Moor à Bénodet.
En 1929, à Concarneau, il peint un panneau de 8x4 m "Pardon
de Lanriec" pour un collectionneur quimpérois. Scènes
de marché, bords de quais, il peint aussi les pardons, fêtes
religieuses ou populaires où sont rassemblés les costumes
bretons les plus divers. En particulier cette "Fête des
Filets Bleus à Concarneau" peinte en 1930 qui illustre
l'affiche des Filets Bleus de l'an 2000. Impliqué dans la
vie concarnoise, de 1925 à 1931, chaque été,
il participe aux expositions de l'Union Artistique des amis de Concarneau
organisée au-dessus des Halles. Il fait de nombreuses expositions
à Paris, Nantes, Chartres, Stockholm, et aura participé
jusqu'à sa mort en 1947 aux Salons d'Automne, des Tuileries,
des Indépendants, de l'Art Mural, et de la Marine ...
"Qu'il peigne une foule, une rue, un port, son oeil voit
d'abord les corps en action ; l'âme de chaque sujet s'exprime
pour lui dans un geste exactement observé, ensuite fixé
avec une parfaite sûreté de métier. Tout cela
est traité largement dans une pâte vibrante de lumière
où l'éclatant soleil rayonne, baigne et avive les
contours des choses, rehausse leur relief ..."
Pierre Allier, mai 1927.
FGX- Notice biographique collectée dans "Documents"
L'oeuvre des Filets Bleus remercie, vivement pour les autorisations
de reproduction du tableau "La Fête des Filets Bleus
à Concarneau" de P. de Belay : Monsieur Cariou conservateur
du musée des Beaux-Arts de Quimper, ainsi que Madame
Gloux pour la rédaction de l'article ci-dessus.
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