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CONCARNEAU 

LES ORIGINES

Dans la Bretagne pittoresque, aux côtes dentelées, des ports se cachent dans les échancrures. Ils existent depuis des siècles, et les populations actives de pêcheurs qui les habitent, par un travail pénible mais continu, ont donné aux Bretons le renom mérité de marins audacieux. Au fond d'une baie que parsèment les Glénan, et dont la pointe avancée est ce délicieux coin de Beg-Meil, et l'autre, plus rapprochée, est Le Cabellou, Concarneau apparaît dans un site gracieux, que les siècles ont patiné donnant à ce port ; une place spéciale.

I1 n'ai de doute pour personne, qu’aux temps reculés, la pêche constituait, l’occupation principale des habitants de là Cornouaille. Tout prés de Concarneau, en Combrit, des vestiges de silos ont été découverts qui servaient à la conservation du poisson.

Plus tard, alors que l'État était encore un mythe, il était payé une taxe de 500 kilos de merlus aux religieux de Langonnet. Et la prospérité grandissante amena le progrès caractérisé parles sécheries de merlus ; congres, maquereaux et sardines.

Ce n'était pas encore Concarneau : l’ile de Conq de Cornouaille, Conq-Kerné, par opposition à Conq-Léon qui devint Le Conquet, Conq-Kerné devint Conquerneau. N'a t'on pas, l'impression d'entendre ce mot, tant les actuels autochtones mettent l'accent sur la deuxième syllabe du nom de leur ville ? Mais a l'époque de Conquerneau, les Anglais étaient les occupants ; le brave Duguesclin les en chassa en 1373.

La France n'était pas "une" et Concarneau de l'obédience d'Henri VIII, à travers les guerres de religion devint définitivement française. Vauban lui donna sa marque depuis respectée par le temps, puisque demeure intacte la Ville-Close, forteresse moyenâgeuse ; qui dresse ses remparts, tout au bord des flots bleus.

Concarneau était déjà en 1665 un port, abritant 3 grands navires, 6 barques et 41 chaloupes sardinières. Et déjà la sardine était reine : pêchée dans la baie, pressée ou fumée, elle étant ensuite transportée vers Saint-Malo, Nantes, La Rochelle, voire Bordeaux. Les guerres de la Révolution et de l'Empire atteignirent le port dans son activité, qui ne refleurit qu'en 1837. Et le génie organisateur de nos marins, entreprit vers 1820, la construction du môle qui ferme l'avant-port. Les quais lui succédèrent vers 1830 et en 1860 le bassin affectait déjà des formes, plus vastes, prélude de l'avenir.


LE PORT vers 1940

 

Les hommes sont des bâtisseurs et si des guerres surgissent qui détruisent leurs œuvres, c'est avec un acharnement nouveau qu'ils reconstruisent. Les anciens avaient, à Concarneau jeté des bases, qui apparurent aux successeurs comme le signe précurseur d'un perpétuel progrès. Et derrière cette Ville-Close qui parait maintenant comme un ilot qu'on aurait relié à la terre ferme, se cache un grand bassin achevé en 1937. Y trouvent place les flottilles de thoniers, de chalutiers, de navires marchands.

Est-il besoin de décrire un port dont la kyrielle de quais s'étend autour de l'eau prêts à recevoir les navires aux ventres pleins de poissons. A côté de cet aspect poétique d’un port de pêche garni de voiles bariolées, de cette forêt de mâts qu'aux jours de fête l'on garni de pavillons ; le port possède un autre aspect. Le progrès a ses exigences : on le constate en admirant la superbe criée d'un modernisme perfectibles certes, mais inégalé en beaucoup d'autres ports. C'est un spectacle curieux pour les non initiés de regarder décharger les tonnes de poissons, d'assister à là vente aux enchères, puis-de suivre le processus dans les magasins de mareyeurs, vers les wagons isothermes, qui les conduiront dans tous les coins de France, manne sortie des entrailles de mer par la volonté des hommes. Un peu plus loin, aux côtés des usines de .conserves, les glacières tournent jour et nuit fabricant quotidiennement 170 tonnes de glace, nécessaires aux navires dont les séjours varient de 10 à 15 jours.

Armada de sardiniers

Là-bas, dans le fond. du bassin apparaissent les navires en construction. De beaux bateaux de bois sur lesquels s'affairent les charpentiers. Avec amour les modèles sont perfectionnés, modernisés ; fignolés. Avec orgueil, périodiquement, on laisse glisser vers son élément la belle coque aux couleurs fraiches. Avec passion on les voit partir vers le grand large pour la fortune par le courage.

Et bientôt, un slip, dernier-né du progrès permettra des réparations plus rapides dans des conditions de travail meilleures. Bientôt la criée s’agrandira aux mesures du trafic. Bientôt enfin Concarneau atteindra .dans tous les détails un degré de perfection qui ne lui laissera rien à envier aux ports' concurrents. Concarneau sera le port de pêche, qui telle une barque soignée fera l'admiration des promeneurs et la fierté des homes qui vivent pour lui.

LA PECHE A CONCARNEAU

Dans le port une forêt de mâts, qui se balancent doucement comme animée d'une vie perpétuelle. Les petits bateaux semblent parés files filets bleus qui sèchent, suspendus aux mâts. II n'est pas tellement longtemps, la pêche sardinière était la principale ressource de Concarneau.

La belle fête des "FILETS BLEUS" la symbolise. Interrompue par la guerre, elle reprit son ampleur. Chaque année, au mois d'Août, dans un magnifique défilé, les couleurs chatoyantes des costumes bretons viennent jeter une note de gaieté dans l'atmosphère laborieuse de Concarneau, une note de riche beauté dans le site un peu rude de ce coin breton : Elle rappelle, au coeur des vieux pécheurs le souvenir des années où la sardine était reine, celui du bon, vieux temps où nombreux étaient les bateaux rentrant au port, le pont garni du beau poisson argenté.

Quelques chiffres
en passant : en 1909, 530 chaloupes sardinières montées par 3180 marins mettant â terre 5.465 tonnes de sardines. En 1932, 45 bateaux seulement donnent des apports de 776 tonnes. Les crises sardinières firent évoluer la pêche vers le thon. Aux chaloupes succédèrent les thoniers, dundees 40 â 60 tonneaux. L’on ne peut s'empêcher d'admirer ces superbes voiliers dont la ligne effilée, l'arrière arrondi, les destinent à des allures assez rapides.


Le thon est en grande partie absorbé par la conserve et l'usine de conserves du thon la plus importante D’Europe est concarnoise. Ce détail ajouté aux installations portuaires attire à Concarneau un très grand nombre de thoniers qui, par leurs apports donnent au port sur ce point, la première place en France et en Europe. Chaque année, dès le printemps, les chantiers et les équipages s'attachent à la remise en état des thoniers. A la fin juin, toutes voiles dehors, ils s’en vont au large des côtes du Portugal, et plus tard, vers le sud de l'Angleterre et de l’Irlande. Durant deux à trois semaines pour chaque marée, ils pêchent dans les courants chauds, lieux de prédilection du thon. Sur.les lieux de pêche, les tangons, grandes perches de 10 mètres environ sont abaissées de part et d’autre du grand mât. Les sept lignes de chaque tangon pourvues d'un gros hameçon enrobé d'un corps brillant, sont trainées par le navire qui file à 6 ou 7 nœuds. Un dispositif permet la relève, de la seule ligne à laquelle a mordu le poisson. Les thons s'alignent sur le pont, suspendus la tète en bas. Le marin d’un geste sûr, les a tués au « piquet », ouverts, vidés, lavés. Puis ils trouvent place à bord, dans une chambre froide ou une glacière.

Ainsi se passe
l'été, saison du thon. Pêche facile par beau temps pensent. Les non-initiés. La mer hélas a des caprices, même en été. C'est du 20 Septembre 1930, que parle un rescapé d'une terrible aventure :

« La matinée avait été belle, mais la baisse barométrique inquiétante et le poisson ne se montrait pas. L'après-midi, vent de suroît fraîchissant, tournant à la bourrasque. On "amène" le flèche, on prend des ris à la grand voile, puis c'est le foc qui est changé. Les bateaux se remplissent d'eau sous le vent. Certains trempent dans l'eau jusqu'au liston. Dans d’autres le lest se déplace et le bateau chavire. Que de feux arrachés aux mâts ! Le bateau fuit, tape dans celui qui est à la cape. Les deux coulent par abordage. Les paquets de mer affluent sur le pont. Rien ne résiste, pont défoncé, hommes jetés sous la barre du gouvernail. Seul les bateaux ayant tenir à la cape sont revenus sang trop de pertes d'hommes au d'avaries majeures »
.

Ce récit prend place dans tes annales de la pêche au thon.


Tempête

Comme pour la sardine, les chiffres parlent : en 1938, 2166 entrées de thoniers sont enregistrées. Un apport total de 5.260 tonnes d'une valeur de plus de 30 millions de francs. 'Transposée aujourd’hui, cette somme, dépasserait 275 millions. En 1946, 116 thoniers concarnois ont pris la mer, rapportant 2.300 tonnes contre 3768 en 1945. Tout récemment une nouvelle campagne s'est ouverte. Le pêcheur n'abdique pas. Il à toujours une revanche à prendre, un mieux à réaliser, 1947 sera cruciale, car un échec peut condamner à la disparition, les thoniers à voiles.

Certes le moteur a détrôné la voile
. Peu à peu s'amenuise le nombre dès voiliers multicolores qui ajoutaient au paysage, à celui déjà beau, du coin de Concarneau. Les peintres maudiront le progrès, qui les privera de cet aspect familier du port en été. Cette année quelques bateaux à moteur pratiqueront la pèche au thon. Des essais seront tentés à bord de l'un d'eux, de pêche au filet. On s'est en effet ému, de l'insuccès des deux dernières campagnes, et la vie des usiniers, la vie de centaines de travailleurs, exigent que les entreprises de conserves soient alimentées par la pèche. Dans cet esprit, des essais patronnés auront lieu et qui peut être, donneront à la pêche au thon un nouvel essor.

Pendant que les voiliers sillonnent l'Océan, laissant à peine derrière eux un léger remous, d'autres bateaux de dimensions variées quittent Concarneau vers grand large. Au petit jour, se répercutant dans l'air limpide du matin, parviennent à la côte les bruits réguliers et sonores des gros Moteurs Diesel. A l'arrière du navire, un bouillonnement indique une allure assez vive, l’avant froisse les vagues rejetant de part et d’autre dédaigneusement les eaux qu’il éperonne vigoureusement.


Barques de pêche

Les chalutiers s'en vont, bien loin, rejoindre les lieux de pêche. Tout à coup le bateau stoppe. Un matelot laisse glisser la sonde, il cherche la profondeur. Auparavant il a enduit le plomb de suif ; les matières adhérentes lui indiqueront la nature du fond. Il faut éviter les fonds rocheux, destructeurs de chaluts. Un autre n’a pas de sonde. Le progrès l’a pourvu d'un sondeur électrique, dont l’automatisme rend plus pratique et plus complet le calcul des profondeurs. Le chalut va être mis à l'eau. La grande poche qu'il forme devra draguer à toucher le fond. Deux lourds panneaux de bois bardés de fer, habilement disposés permettront ce travail ; des boules de verre, creuses, fixée au sommet du chalut lui donneront la forme d’une bouche énorme qui, au passage, avalera le poisson. Le bateau avance doucement, remorquant chalut. Pendant 3 ou 4 heures, le dragage continue. Le moteur doit être puissant : le chalut s'emplit à des profondeurs variant de 80 à 350 mètres. Le treuil se met en mouvement, il ramène le chalut au navire et bientôt la poche ouverte laisse tomber sur le pont des myriades de poissons. Triage, vidage, misé en glacière et dans le même temps, de l'autre bord, un second chalut est mise la mer.

Pèches variées,
parfois décevantes, par la qualité, ou par la quantité de poissons. Fortune de mer : labeur récompensé ou bien hélas parfois des efforts vains. Quelle joie de contempler, merlus, merluchons, turbots, limandes, soles, raies, plies, rougets, congres, langoustines, etc. Et durant 10 à 15 jours, les « laboureurs de la mer » dans le soleil ou dans la pluie, le calme ou la tempête poursuivent leur travail. Avant-guerre, ils étaient trente-cinq chalutiers munis de moteurs de 80 à 180 Cvx. En 1938, 1380 tonnes de poissons divers arrivaient au port En 1939, 1780 tonnes, en 1943, grâce au repli à Concarneau de chalutier boulonnais, dieppois, lorientais, le tonnage allait atteindre 10725 tonnes.

La guerre a fait des coupes sombres. Les bateaux de bois ont « servi ». D’aucun ont disparu, les autre ont repris leur périple. L’effort tenace des marins et des constructeurs a pourvu au remplacement des navires perdus. Ils sont aujourd’hui : 80 chalutiers en bois et ce chiffre s’accroitra dans l’année. La sardine, le thon, le chalutage, constituent l’essentiel de la pêche concarnoise, mais à coté des grosses barques, il en est de plus modestes, mais non moins méritantes. Montées par deux ou trois hommes, souvent le père et le fils, elles vont pêcher les crustacés, la crevette, aux casiers ou au petit chalut à mailles fines, quelques unes pratiquent la ligne pour le maquereau ou le congre. Leur pêche est infiniment appréciée pour sa fraicheur par la population locale.

Fête des Filets Bleus

Les équipages et l'entr'aide (voir)